Le Covid-19 ressuscite le débat autour de l'impôt sur la fortune

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Revue de presseKiosque360. Une proposition formulée par l'Union socialiste des forces populaires (USFP) prévoit la mise en place d’un impôt sur la fortune pouvant servir de matelas de sécurité, face au creusement du déficit public du fait de la crise sanitaire.

Le 03/06/2020 à 16h50

Dans son édition du 3 juin, le journal Al Ahdath Al Maghribia revient sur un débat qui refait surface: celui de la mise en oeuvre d’un impôt sur la fortune. Une proposition réitérée, cette fois-ci, par l'Union socialiste des forces populaires (USFP) qui insiste sur le caractère démocratique d’une telle mesure. 

Dans un récent communiqué, l’USFP explique que «l’esprit d’entraide nationale et la capacité de l’Etat à se porter garant des droits sociaux sont tributaires d’une implication du capital national et de la participation des contribuables les plus fortunés du pays par un impôt de solidarité pouvant servir de matelas de sécurité, face au creusement du déficit public en cette crise sanitaire». 

L’USFP souligne également qu’un tel prélèvement est un engagement en faveur de la mise en place d’un Etat régalien, socle de tout modèle de croissance. Et d’insister sur «la refonte de la loi des Finances 2020 et la nécessité d’échafauder les scénarios propres au PLF 2021, au moment où le tissu économique entame, en douceur, la reprise de ses activités. Pour le parti, la pandémie a été une épreuve, certes. Mais elle aura néanmoins permis à un pays comme le Maroc de développer des réflexes de gestion utiles en cas de crise future. 

Le parti dirigé par Driss Lachgar rappelle, par ailleurs, que la crise sanitaire a apporté des réponses concrètes et convaincantes aux patrons qui s’interrogent toujours sur l’utilité des impôts ou encore sur la nécessité d’inscrire leurs employés à la caisse de sécurité sociale.

Le parti de la Rose affirme également que «la promotion du capital national impose une rupture totale avec les systèmes de rente existants, les situations de monopole toujours de mise dans certaines niches et l’ensemble des phénomènes d’accumulation rapide de richesses qui ne créent aucune valeur ajoutée à la nation et aux citoyens». Et d'ajouter que «ces aides octroyées aux dirigeants d’entreprises devraient être assujetties à des mécanismes de contrôle pour traquer le moindre dirham sorti des poches de l’Etat ou du fonds mobilisé pour faire face au Covid-19. 

Il faut dire que l’impôt sur la fortune demeure la chasse jalousement gardée des gouvernements successifs. Rappelons, à ce propos, que le ministre de l'Economie, des finances et de la réforme de l'administration, Mohamed Benchaâboun, a brandi son veto contre l’augmentation de l’impôt sur la fortune. Une prise de position confortée ensuite par le vote d’une majorité parlementaire en faveur d’un refus catégorique de l’IF et pour un impôt de solidarité de 2,5%, applicable pour les exercices 2019 et 2020.

Le ministre des Finances trouve une corrélation directe entre l’augmentation de ce prélèvement direct et le recul des IDE dans le Royaume. «Imposer un tel impôt aura un effet dissuasif vis-à-vis des investisseurs qui choisissent le Maroc comme destination pour faire fructifier leurs investissements», avait-il déclaré. Une autre alternative proposée par le conseil économique, social et environnemental prévoit la mise en place d’un prélèvement sur la fortune non productive, sur le foncier et les propriétés immobilières non exploitées, avec un élargissement progressif aux produits de luxe tels que les yachts, jets privés et voitures de collection.

Par Khalil Ibrahimi
Le 03/06/2020 à 16h50