Des conseillers de la région de Rabat-Salé-Kénitra accusent les membres du bureau du Conseil de dilapider l’argent public dans le but d’assouvir les caprices du président et de ses adjoints, notamment ceux affiliés au PJD. Les contestataires s’opposent notamment à la programmation d’un budget triennal qui, selon eux, permet au président et à ses alliés de prendre des décisions unilatérales. Ils citent notamment le crédit de 10 millions de dirhams alloué à la formation continue et les dépenses de partenariats contractés avec des tierces parties. Ils estiment que ces affectations, qui s’étalent sur trois ans, visent à les empêcher de réclamer toute modification jusqu’à la fin du mandat de l’actuel Conseil.
La quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du vendredi 5 octobre, que le Wali de la région, Mohamed Mhidia, a critiqué le rythme très lent de l’avancement des chantiers lors de la tenue de la session d’octobre, qui a eu lieu lundi dernier. Le Wali en veut pour preuve le taux déclaré (60%) des travaux réalisés, qui ne correspond pas aux dépenses qui s’élèvent à 13% du budget réservé aux chantiers ouverts. Le Wali n’est pas le seul à constater ces contradictions puisque les conseillers du PAM s’étonnent que le Conseil de la région ait dépensé 2 milliards de dirhams sans que cela ne se répercute sur les infrastructures ou le niveau de vie des habitants. Les PAMistes indiquent qu’aucune agglomération n’a bénéficié de l’éclairage, de l’eau potable ou des équipements de proximité. Et d'ajouter que les projets réalisés n’ont pas connu d’études suffisantes, tant leurs concepteurs étaient hantés par des visées électorales.
La prééminence des membres du PJD sur le Conseil de la région explique l’affectation de fonds importants à des dépenses improductives dans les équipements de bureau et les allocations réservées à la direction du Conseil, entre autres. Sans oublier le budget conséquent alloué à l’Agence régionale d’exécution des projets, dont les activités n’ont aucun impact sur la situation sociale de la population. Il est clair que le Conseil de la région manque d’une véritable vision de développement quand on sait qu’il a budgété, pour 2019, une somme importante pour les fournitures de bureau destinées à 48 fonctionnaires. Pourtant, les dépenses consacrées à ce même poste, depuis le début du mandat actuel, dépassent les 10 millions de dirhams.
Lors de la session d’octobre, la présidence du Conseil s’est contentée de donner des extraits du budget, sans dresser les détails poste par poste. Il en est de même pour la commission des finances dont le président se borne à une concertation, en aparté, avec Nabil Chikhi et Abdelali Hamieddine, tout en ignorant les autres adjoints. Un huis clos qui s’explique par l’exploitation des capacités de la région pour servir les agendas politiques du parti (PJD). L’exemple le plus frappant étant la méthode prônée pour le recrutement des fonctionnaires, qui a d'ailleurs fait l’objet de plusieurs notes de l’Inspection générale du ministère de l’Intérieur.
La session d’octobre a de même révélé l’approbation d’un soutien financier du Conseil au transport urbain de Rabat qui, pourtant, ne relève pas de ses prérogatives, la région étant uniquement chargée de consolider les infrastructures routières dans le monde rural et d’assurer la connectivité entre les axes régionaux, sachant que le transport urbain relève des conseils communaux. Un membre du Conseil de la région a révélé que la plupart des dépenses du bureau dirigeant ne servaient pas les intérêts de la population. Et pour cause, ajoute-il, une grande partie du budget est consacrée à l’acquisition de voitures, au recrutement de proches, aux voyages d’agrément, aux indemnités des adjoints et à l’octroi de millions de dirhams à l’Agence des projets «improductifs».
Le Wali de la région de Rabat a attiré l’attention des Conseillers sur la faiblesse du taux de réalisation des projets face aux grandes attentes de la population. Le Conseiller Kessal a essayé de justifier ces retards sans convaincre. Bien au contraire, sa réponse a, encore une fois, mis à nu le clientélisme et l’opportunisme politique du Conseil de la région de Rabat.