L’ANRF pilote une enquête transfrontalière sur des virements financiers suspects

Le siège de l'Office de changes, à Rabat.

Revue de presseÀ la suite de signalements émanant de trois établissements bancaires, les autorités financières marocaines, en coordination avec des homologues européens, ont engagé des investigations approfondies sur des transferts internationaux dont l’origine et la finalité économique restent à élucider. Cet article est une revue de presse tirée d’Assabah.

Le 20/11/2025 à 19h51

L’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) a été saisie de plusieurs notifications par trois banques distinctes, concernant des transferts internationaux jugés douteux. Ces virements, libellés en euros et en provenance de l’étranger, étaient destinés à des comptes détenus par des personnes physiques et morales.

La vigilance des gestionnaires de ces comptes a été alertée par la nature suspecte de ces mouvements de fonds, rapporte Assabah du vendredi 21 novembre. Ils ont notamment constaté que des sommes importantes étaient ensuite redistribuées entre différents comptes de personnes morales. Cette découverte a incité les établissements bancaires à renforcer leur surveillance, révélant ainsi que les titulaires concernés détenaient de multiples comptes au sein des trois banques. Les transactions effectuées à partir de ces comptes ne semblaient liées à aucune opération commerciale ou économique identifiable entre les parties.

Les investigations préliminaires ont établi que les comptes sous surveillance ont reçu, sur une année, des virements dont le montant global a excédé 15 millions d’euros. Face à l’absence de tout lien économique clair entre les expéditeurs étrangers et les bénéficiaires marocains, les trois banques ont alerté leurs directions centrales, qui ont immédiatement saisi l’ANRF.

Sans délai, l’ANRF a ouvert une enquête et l’a diligentée en étroite coordination avec l’Office des changes, ainsi que les directions des Douanes et des Impôts indirects. L’objectif est de vérifier l’origine des fonds et l’authenticité des documents justificatifs. Le périmètre de l’enquête s’étend au-delà des frontières nationales. L’ANRF a ainsi sollicité l’assistance de ses homologues européens, notamment en Espagne, en Grèce et en Italie, pour obtenir des renseignements détaillés sur les expéditeurs, la nature de leurs activités et la documentation afférente à ces transferts, note Assabah.

En parallèle, des investigations internes croisent les données des administrations douanière et fiscale pour examiner minutieusement les dossiers d’importation et d’exportation. Cette démarche vise à confirmer ou infirmer l’existence de transactions commerciales réelles pouvant justifier ces flux financiers. À défaut, les bénéficiaires de ces virements, dont le montant s’élève à plus de 15 millions d’euros, devront impérativement en justifier la provenance et la légalité.

Par Hassan Benadad
Le 20/11/2025 à 19h51