Cela va maintenant faire deux années que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, se démène pour trouver son nouvel envoyé spécial au Sahara. Une tâche ardue, parce que les profils ne se bousculent pas au portillon. Et quand bien même une personnalité en vient à accepter cette rude mission, l’Algérie lui oppose illico une fin de non-recevoir.
Pas plus tard que ce jeudi encore, et par la voix de la presse proche du pouvoir algérien, on apprend ainsi que la proposition récemment faite par Antonio Guterres en vue de nommer Luis Amado, ancien ministre portugais des Affaires étrangères, en tant qu'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Sahara, serait d'ores et déjà très mal vue par Alger.
En effet, selon le quotidien algérien Al Watan, dans sa livraison de ce jeudi 1er avril, qui s’en prend une nouvelle fois à Antonio Guterres, «après sa précédente tentative pour faire passer l’ancien Premier ministre roumain Petre Roman, rejeté par le "Sahara occidental" [sic, Ndlr] en raison de son penchant pour la position marocaine sur le dossier, voilà qu’il propose un autre nom qui va aussi probablement ne pas faire l’unanimité pour les mêmes raisons».
Il est à cet égard utile de rappeler qu'il est désormais plus qu'établi que le quotidien Al Watan est le porte-voix attitré des services de renseignements algériens quand il s’agit de montrer la position du régime militaire sur le dossier du Sahara. Même s’il assure se référer à des sources onusiennes, pour faire diversion, le quotidien algérois n’a fait que répercuter la position qui lui a été soufflé par les galonnés du régime.
Interrogé sur l’identité du nouveau candidat du secrétaire général de l’ONU au poste d’envoyé spécial au Sahara, un haut responsable dans la diplomatie marocaine a répondu par un laconique «no comment!» (pas de commentaire). L’instance onusienne va certainement apprécier que ses correspondances avec le Polisario transitent d’abord par Alger, qui dicte la conduite à suivre.
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En décembre et janvier derniers, c’était encore ce même canard qui avait mené une virulente campagne de dénigrement contre le Premier ministre roumain, Petre Roman, dès que son nom avait commencé à circuler dans les coulisses de l’ONU en tant que potentiel futur envoyé spécial au Sahara.
Le 21 avril prochain, soit dans vingt jours à peine, une session au Conseil de sécurité doit être consacrée à un briefing qui sera mené par le secrétaire général de l’ONU en personne, sur le conflit au Sahara. Au cours de cette session, sans enjeu, il est attendu d'Antonio Guterres d’annoncer la nomination d’un envoyé spécial, pour relancer un processus politique. C’est sans doute ce même processus qui ne trouve pas grâce aux yeux d’Alger, qui aurait sans doute préféré que Ramtane Lamamra, voire Smaïl Chergui, occupent ce poste, et ce, avant tout dans le but servir leur agenda, et non de contribuer à une solution réaliste à ce conflit.
La communauté internationale et les membres permanents du Conseil de sécurité doivent donc faire pression sur le régime militaire algérien, pour qu’il mette un terme définitif à sa tutelle sur le Polisario. Il y va de la relance d’un processus politique –le seul à même de mettre un terme au conflit du Sahara, vieux à présent de 45 années.