Un tête-à-tête est prévu ce lundi 27 août entre le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, et le secrétaire général du PPS, Mohamed Nabil Benabdallah. Ce dernier saisira l’occasion de cette rencontre pour reprocher à son homologue du PJD d’avoir géré, de façon peu galante et unilatérale, la «liquidation» du secrétariat d’Etat à l’Eau, portefeuille que gérait le PPS, sans en informer son partenaire dans la coalition gouvernementale actuelle.
Selon les quotidiens Al Massae et Al Akhbar, dans leur édition du lundi 27 août, la rencontre Nabil-El Othmani est d’autant plus cruciale qu’elle sera suivie, le lendemain (mardi 28 août), par la réunion du bureau politique du parti du Livre. Les dirigeants de l’Exécutif du PPS, qui ont mis l’affaire Afailal en bonne place dans leur ordre du jour, semblent très remontés contre le PJD, au point qu’Al Massae estime que l’alliance entre les islamistes et les (ex)communistes, alliance qui dure depuis 2011, pourrait prendre fin dès cette semaine. Selon le journal, certains camarades de Nabil Benabdallah auraient déjà conseillé aux deux ministres PPS restants au sein du gouvernement actuel de rendre leur tablier.
Une hypothèse que le quotidien Al Akhbar écarte dans l’immédiat car, selon lui, un casse-tête juridique inédit a été créé par la liquidation du secrétariat chargé de l’Eau et sa transformation en simple direction relevant du ministère de l’Equipement, du transport, de la logistique et de l’eau. En effet, si un ministère a effectivement disparu de la nomenclature gouvernementale, la détentrice du portefeuille, Charafat Afailal, nommée par dahir royal, restera membre du gouvernement tant que le roi n’a pas expressément mis fin à ses fonctions, en vertu de l’article 47 de la constitution de 2011.
En attendant, Al Akhbar révèle que le processus de liquidation du secrétariat d’Etat chargé de l’eau a commencé dès février 2018, lorsqu’Abdelkader Amara a adressé une demande en ce sens à El Othmani. Ce dernier, sans en parler aux autres partis de sa majorité gouvernementale, a saisi le cabinet royal pour avoir le feu vert de la suppression de ce département. Mais, toujours selon Al Akhbar, l’ingénieure en hydraulique, déjà chargée de l’Eau sous le gouvernement Benkirane, a senti le coup venir.
En effet, Afailal n'a cessé, ces derniers mois, de se plaindre des tracasseries du vétérinaire PJDiste qui coiffait son département et tentait par tous les moyens de faire tarir les sources de son pouvoir au sein du secrétariat d’Etat chargé de l’Eau. Ce blocage, voulu par Amara et soutenu par El Othmnai, aurait en fait pour origine le refus constant de la grande supportrice du Moghreb de Tétouan d’assister aux réunions du PPS où étaient conviés des dirigeants du PJD. Afailal a certes toujours collaboré loyalement avec les islamistes au sein du gouvernement, mais en se bouchant constamment le nez avec une pincette.