La société civile amazighe vient de lancer une véritable offensive à destination des élus des institutions et de la société civile nationale et internationale pour l’activation du projet de loi organique 26-16, portant mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe. Ainsi, l’Initiative civile pour la mise en œuvre de l’officialisation de l’amazigh, qui réunit plusieurs centaines d’associations, vient de remettre un plaidoyer aux députés pour revoir le texte et en accélérer le processus d’adoption. Il s’agit, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 11 mai, d’un livret de 35 pages qui comprend l’ensemble des amendements que la société civile souhaite apporter au projet de loi organique actuellement devant la commission à la première Chambre. Ces amendements portent sur 30 des 35 articles que compte ce projet de loi organique.
Le document, de même qu'un mémorandum portant sur le projet de loi relatif au Conseil supérieur des langues et de la culture marocaines, ont été remis aux chefs des groupes parlementaires, aux patrons des partis politiques et des syndicats, ainsi qu'aux responsables de différentes institutions de l’Etat. La coalition associative à l'origine de cette initiative a pris soin d’élaborer les deux documents dans les deux langues officielles, soit l’arabe et l’amazigh. Elle planche, en outre, sur une version en français et une autre en anglais, destinées aux acteurs internationaux des droits de l’Homme.
Par ailleurs, ce collectif associatif a également saisi le nouveau chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, l’invitant à réparer les erreurs d’approche et de méthodologie adoptées par son prédécesseur lors de l’élaboration de ces deux projets de loi. Le collectif estime que, dans son approche, l’équipe de Benkirane a violé les dispositions de la Constitution consacrant l’égalité entre les deux langues officielles du royaume que sont la langue arabe et la langue amazighe. Pire encore, le projet de loi remis au Parlement est revenu, affirme le journal qui cite les auteurs de cette initiative, sur les acquis des quinze dernières années dans le domaine de la reconnaissance et de la promotion de la langue amazighe.
A défaut de pousser le gouvernement à retirer les deux textes déjà devant le Parlement, l’initiative civile qui, rappelons-le, regroupe près de 800 associations, compte du moins, rapporte le journal, en amender les dispositions de manière à permettre à cette langue de jouer pleinement son rôle de langue officielle.