C’est un secret de polichinelle. Les relations diplomatiques entre le Maroc et la Mauritanie ne sont pas au beau fixe. Et si l’information d’Al Quds Al Arabi se confirmait, ce serait un précédent qui risquerait d’envenimer encore davantage les relations déjà très tendues entre les deux pays.
Selon le journal arabophone, Nouakchott aurait interdit l’entrée dans le territoire mauritanien des camions de transport de marchandises immatriculés au Maroc. L’article n’est pas très explicite sur le sujet. Mais il lance l’information relative à la non autorisation de véhicules marocains d’accéder au territoire mauritanien. Ce qui constitue une grave entorse aux relations commerciales entre les deux pays.
Pour rappel, le Maroc et la Mauritanie ont signé des conventions relatives au transport routier. En effet, quotidiennement, plusieurs dizaines de camions marocains traversent la frontière pour acheminer des marchandises diverses (légumes, fruits, produits alimentaires, etc.) vers la Mauritanie et dans les pays de la sous-région (Sénégal, Mali, etc.) contribuant au raffermissement des relations commerciales entre les deux pays. D’ailleurs, grâce à ces flux, les marchés de Nouakchott sont bien alimentés en produits marocains, notamment les légumes et fruits.
Outre les camions, l’article évoque également l’interdiction du passage de voitures venant d’Europe et transitant par le Maroc pour grossir le marché de véhicules d’occasions en Mauritanie.
Il faut souligner qu’au cours de ces dernières années, cette frontière est devenue un lieu de trafics en tous genres (voitures volées, drogues, devises, carburants, produits subventionnés au Maroc, etc.), notamment dans la zone dite «non man’s land» entre les deux pays. Les voitures importées ou volées d’Europe y bénéficient de faux papiers et de fausses plaques d’immatriculations pour circuler ensuite librement en Mauritanie avec la complicité des agents sécuritaires.
En tout cas, si cette information s’avère juste, elle s’ajouterait à une série de provocations de Nouakchott qui ont terni les relations avec Rabat.
Tout dernièrement, le décès du chef du Polisario avait fait monter d’un cran la tension entre les deux pays, suite à la lettre adressée par le président mauritanien aux dirigeants sahraouis et la présence remarquée de la délégation mauritanienne aux obsèques du patron du Polisario.
En outre, lors de la tentative du Maroc de réintégrer l’Union africaine, le roi avait dépêché une délégation afin d’en informer le président Mauritanien. Celui-ci avait tout simplement refusé de recevoir cette délégation, laissant à son ministre des Affaires étrangères le soin de s’entretenir avec les envoyés spéciaux du roi Mohammed VI.
Le dernier sommet de la Ligue arabe, tenu en juillet dernier, n’a pas arrangé la situation. L’échec retentissant de ce sommet-éclair, marqué par une absence sans précédent des chefs d’Etats arabes, ayant été imputé par certains cercles du pouvoir mauritanien au Maroc. Une fuite en avant pour calmer l’opinion publique mauritanienne de l’humiliation d’un sommet organisé dans la précipitation et sans le minimum de conditions pour le réussir.
Durant ce même sommet, Nouakchott a persisté dans sa politique de provocation en créant un logo officiel du sommet qui ampute le royaume de son Sahara.
Autre signe de tension, tout dernièrement, la Mauritanie a consolidé sa présence dans la région de Lagouira, dans l’extrême sud du Sahara marocain, et y a hissé son drapeau feignant d’ignorer la souveraineté du royaume sur cette partie de son territoire.
Enfin, rappelons que la Mauritanie n’a pas d’ambassadeur à Rabat depuis bientôt 5 ans. Et même le premier conseiller de l’ambassade a quitté le royaume depuis bientôt 2 ans. C’est dire que la représentation diplomatique mauritanienne au Maroc est réduite au strict minimum.