Que fait un dirigeant algérien quand il touche le fond? Il creuse…
On apprend avec consternation –mais sans être vraiment étonné, au fond– que la junte militaire au pouvoir chez nos voisins de l’Est a créé un «Parti national rifain» dans une villa un peu décatie, au cœur d’Alger. Ce pseudo-parti compte trois pelés et un tondu qui n’ont pas grand-chose à voir avec la belle région marocaine dont ils usurpent le nom, mais qu’importe. L’important, c’est d’avoir un sigle et une photo. Il se trouvera bien quelque naïve ONG européenne pour tomber dans le panneau et quelque journaliste acheté pour relayer l’information à Paris et ailleurs.
Quelle mascarade, quelle tristesse… Ces faux frères malfaisants avaient déjà touché le fond en finançant, armant et abritant sur leur sol –du moins, sur celui qu’ils ont hérité du colonisateur– quelques séparatistes sahraouis égarés qui font de loin le coup de feu en échange d’un passeport diplomatique algérien et de quelques subsides.
Voilà qu’ils veulent rééditer leur mauvais coup en réunissant dans un salon mal éclairé des clochards en quête de subsides.
Il n’est pas très difficile de trouver dans la vaste diaspora marocaine à l’étranger des SDF à qui on peut faire dire n’importe quoi en échange de quelques billets. Pour une poignée de dollars… On connaît la chanson.
Et puis, il y a des Marocains de troisième ou quatrième génération qui n’ont jamais mis les pieds dans le pays de leurs aïeux mais qui, chômeurs ou gardiens de parking, veulent briller à Bruxelles, Francfort ou Amsterdam aux yeux de leurs blondes énamourées qui les prennent pour Che Guevara. Dis donc, mon homme, malgré son air con et sa vue basse, n’est pas un raté: c’est un révolutionnaire, un freedom fighter… Vite, un bisou, mon preux combattant!
Pourquoi s’arrêter là, caporaux insanes qui faites la loi à Alger?
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Donnez l’ordre à vos consuls, un peu partout en Europe, de faire le tour des prisons, des asiles psychiatriques, des tentes plantées sous les ponts et des bancs publics, la nuit. Vous n’aurez aucun mal à trouver des individus éméchés, fous, drogués ou délinquants qui créeront autant de «Fronts» que vous le voudrez. Il faudra juste leur faire prendre une bonne douche, les frotter dru comme on le fait d’un âne et leur faire avaler une bonne soupe pour leur donner apparence humaine. N’oubliez pas de leur faire endosser un costume à peu près propre avant de les présenter, encore un peu ahuris, à cette presse bidon qui est à votre botte.
Ainsi vous aurez, à peu de frais (du savon, de la soupe, un costard d’occasion…), un FLG (Front de libération du Gharb), une APC (Armée Populaire de la Chaouia), des FR (Fidayine des R’hamna), des BT (Barbudos de Tétouan), un Sendero luminoso du Nord, des SD (Spartakistes des Doukkala), une jacquerie soussie, une RKKS (Révolte Kharijite de Kelaat S’raghna), une RMPZ (Rébellion des marchands de pastèques de Zagora), un TB (Tihad Bernoussi), un SGJC (Soulèvement des Gilets Jaunes Casaouis), etc.
Tous ces valeureux révolutionnaires logeront bien sûr dans des hôtels algérois quatre étoiles, s’il y en a, aux frais du peuple algérien –qui n’a rien demandé et n’a évidemment pas été consulté.
Cela dit, si ça amuse la junte du Club des pins de nourrir des ratés et des clochards, qu’elle le fasse. Mais attention! À force de faire parader des pseudo-Fronts de libération devant les Algériens, ils pourraient bien leur donner des idées. Cet ersatz de pays construit de bric et de broc par les Français pendant 132 ans de colonisation expansionniste recèle des forces centrifuges qui pourraient bien devenir de vrais mouvements de libération…
S’ils avaient le moindre soupçon de culture, les caporaux pourraient méditer le poème de Goethe intitulé Der Zauberlehrling (L’Apprenti sorcier). Ça finit très mal…