Kaïs Saïed fait l’unanimité… contre lui

Le président tunisien Kaïs Saïed reçoit le chef du Polisario, Brahim Ghali, sur le tarmac de l'aéroport de Tunis-Carthage, le 26 août 2022.  . DR

Revue de presseKiosque360. En recevant le chef du Polisario, le président tunisien a non seulement exprimé un acte hostile contre le Maroc, mais il a également réuni les scènes politiques marocaine et même tunisienne contre lui. Cet article est une revue de presse des quotidiens Assabah et Al Ahdath Al Maghribia.

Le 29/08/2022 à 05h46

Comme il fallait s’y attendre, la réception par le président tunisien Kaïes Saïed du chef des séparatistes du Polisario, Brahim Ghali, en marge de la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), n’en finit plus de faire réagir. Après la réaction officielle du Royaume, les acteurs de la société civile, les partis politiques marocains et ceux tunisiens, ont également fait part de leur indignation face à ce comportement qui s’assimile à une attaque envers le Maroc et son intégrité territoriale.

Dans leurs éditions du lundi 29 août, Assabah et Al Ahdath Al Maghribia compilent certaines des réactions que le comportement du président tunisien a suscitées. Citant d’abord le parti du chef du gouvernement, le RNI, Assabah écrit que, pour le parti de la colombe, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un acte «hostile» envers le Royaume. S’il rappelle que cet acte est plutôt inédit, le RNI souligne qu’il vient confirmer la série d’impasses dans laquelle Kaïs Saïed a malheureusement entraîné la Tunisie, en prenant des décisions unilatérales et hostiles aux pays amis, lesquelles ne profitent en rien au peuple tunisien.

De son côté, l’USFP s’est dit «extrêmement en colère» face à l’accueil réservé au chef des séparatistes et à la violation «flagrante et odieuse» des relations bilatérales et régionales d’une part, et aux engagements des États parties de ce sommet qui se limite aux membres de l’ONU.

Même son de cloche du côté du PAM qui, comme le souligne Assabah, insiste sur le fait que cet incident n’est pas le fruit du hasard, mais fait suite à une série de comportements incompréhensibles de la part de la présidence tunisienne ces dernières années. Pourtant, le Royaume a toujours été du côté de la Tunisie, même lors de la pire période qu’elle a vécue suite à la multiplication des attaques terroristes. En dépit du contexte sécuritaire difficile à l’époque, le souverain n’a pas hésité à se rendre dans le pays, lui apportant ainsi un soutien clair.

Le PJD, le PPS et l’Istiqlal ne sont pas non plus restés indifférents face à la situation provoquée par le président tunisien. Les trois formations politiques ont dénoncé cette hostilité envers le Maroc, tout en rappelant l’impact grave que cela pourrait avoir sur les relations entre les deux pays. Le parti de la balance va encore plus loin en faisant de cet incident une preuve que les nouveaux dirigeants de la Tunisie ont dévié de leur approche amicale ferme envers le Maroc et ont soudainement renié les dénominateurs communs entre les deux pays, à savoir le bon voisinage, le respect mutuel des affaires de chaque pays sans interventionnisme. L’Istiqlal a également dénoncé vigoureusement cette volte-face flagrante dans la position d’un pays pourtant considéré comme frère.

A l’instar des moult dénonciations de cet acte hosrtile au Maroc, dans le pays du Jasmin, le président Kaïs Saïed fait également l’unanimité contre lui. Al Ahdath Al Maghribia rapporte plusieurs réactions de politiciens et acteurs de la société civile locale qui démontrent à quel point ce comportement du président indigne même chez lui. Le président du parti Al Majd, Abdel Wahab Hani, a réagi en parlant de «suicide politique» du président qui expose les intérêts suprêmes de la Tunisie et sa crédibilité à de grandes difficultés. Le secrétaire général du Parti «Courant démocrate», Ghazi Chaouachi, pour sa part, a rappelé que les actes du président tunisien tendent à détruire les bonnes relations qu’entretenait le pays avec les Etats-frères, comme il l’a déjà fait pour des institutions publiques locales et pour la marche démocratiques dans laquelle était engagé son pays.

Comme le rapporte également Al Ahdath Al Maghribia, l’homme des médias, Mohamed Krichen, a lui considéré le comportement du président de son pays comme une faute historique et flagrante qui vient rompre avec la position traditionnelle de la Tunisie dans le conflit du Sahara. Pour lui aussi, c’est là un nouvel échec d’une longue série dont Kaïes Saïed est déjà responsable.

En plus de plusieurs autres personnalités politiques tunisiennes qui ont dénoncé l’acte hostile du président tunisien, c’est la réaction de l’ancien chef de cet Etat, Moncef Marzouki, qui retiendra sans nul doute encore plus l’attention. Pour lui, en recevant le chef du Polisario comme s’il était à la tête d’un État mondialement reconnu, Saïed a rompu la tradition qui voulait que la Tunisie n’intervienne pas dans les conflits régionaux. Il a également dénoncé le caractère «surréaliste» du communiqué du ministère des Affaires étrangères tunisiens avec lequel il a tenté de justifier l’acte du président.

Par Fayza Senhaji
Le 29/08/2022 à 05h46