Depuis le 17 novembre, Maâti Monjib, directeur du Centre Ibn Rochd (dissous en décembre 2014), se trouve à l’étranger. Et plus exactement à Berlin, comme l’apprend Le360. Or, selon son entourage, il est convoqué au tribunal de première instance de Rabat, ce jeudi 19 novembre. Ira-t-il à cette première convocation ou fausserait-il compagnie au magistrat qui instruit son affaire comme il l’avait fait, auparavant, et autrement, avec les enquêteurs?
Car, au moment où il a été convoqué par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), Maâti Monjib a refusé de répondre aux questions qui fâchent: le sort de plusieurs millions de dirhams qui avaient été injectés dans les comptes de son centre de recherches (SARL et ONG en même temps), puis transférés sur d’autres comptes personnels et familiaux. Comme seule ligne de défense, il a choisi de déclarer une grève de la faim.
Dans l’une de ses récentes livraisons, le quotidien Al Ahdath Al Maghribiya révèle, avec force détails, la nature des opérations bancaires effectuées par l’historien. On y découvre ainsi que le tour de table de cette "société", présentée comme étant une ONG à l’étranger, était constitué de trois personnes : Maâti et Faima Monjib (sa sœur) en plus d’Ahmed Arib. Bien que détenant 98% des actions, l’actionnaire a confié à sa sœur le poste d’administrateur (avec 1% des actions), alors que le troisième associé était chargé des relations avec les administrations.
Entre décembre 2009, date de la création du centre, et décembre 2014, date de sa liquidation, les deux comptes des Monjib ont été alimentés de 3.5 millions DH. L’historien retirait lui-même de l’argent, en liquide, sur les deux comptes. Au total, ces retraits ont atteint 3.1 millions DH dont 2.45 millions ont été déposés sur un troisième compte bloqué. Ledit compte générait évidemment des intérêts.
Toujours selon Al Ahdath, Sur ce même troisième compte, Maâti Monjib a retiré, le 1er novembre 2014, 1 million DH et 1.050.0000 DH qu’il a remis à sa sœur et à sa femme. Autrement dit, 2.45 millions DH ont fini dans les poches de l’historien militant.
Le refus de Maâti Monjib de répondre aux enquêteurs tient à la gravité des fraudes qui pèsent sur lui. Adoptant la politique de la fuite en avant, il a transformé les détournements de millions de dirhams en «persécution» d’un militant de la liberté d’expression. Est-ce que Monjib va opposer le même mépris à la justice marocaine, qu'à la police judiciaire ? Réponse à l'audience, demain jeudi.