Selon des sources autorisées, la BNPJ aurait auditionné, mardi soir, l’avocat Habib Hajji en sa qualité de président de la Fondation Aït El Jid pour la vie et la lutte contre la violence, suite à la plainte qu’il a déposée devant le procureur du roi près la cour d’appel de Fès. Une plainte dans laquelle il accuse le président de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM), Ahmed Raïssouni, d’avoir participé à un «homicide volontaire avec préméditation» dans l’affaire de l’assassinat de l’étudiant gauchiste Benaissa Aït El Jid. Un crime commis en 1993 et qui vient de rattraper, récemment, un autre ponte islamiste, en l’occurrence le dirigeant du PJD, Abdelali Hamieddine, qui comparaît devant la justice pour le même chef d’inculpation. Les éléments de la BNPJ vont entendre, dans cette même affaire, l’avocat Mohamed El Hini en sa qualité de représentant de l’Association de la défense des droits de l’Homme, avant de convoquer Raïssouni pour enquête.
Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du jeudi 4 avril, que Habib Hajji a, lors de son audition devant la police, exposé les détails du crime commis le 25 février 1993 sur la voie publique, dans le quartier Sidi Brahim de Fès. L’avocat indique que 25 à 30 personnes ont participé à cet homicide, selon le témoignage du chauffeur de taxi qui transportait la victime en compagnie de son ami, Haddioui El Khammar. Le plaignant a ajouté que le dirigeant du PJD, Abdelali Hamieddine, avait participé à cet assassinat alors qu'il était un étudiant rallié à l’organisation «Acteurs estudiantins». Une organisation affiliée à la «Ligue de l’avenir islamique», dirigée alors par Ahmed Raïssouni qui a présidé, par la suite, le Mouvement unicité et réforme (MUR).
Me Hajji a mis l’accent sur la relation étroite qui liait Hamieddine à Raïssouni en accusant ce dernier de lui avoir donné l’ordre de participer, avec les autres complices, à l’assassinat de Benaissa Aït El Jid. Parmi ces complices, ajoute l’avocat, figurent des étudiants d’Al Adl Wal Ihssane (Justice et bienfaisance), dont l’un d’eux a été condamné à 10 ans de prison pour homicide volontaire avec préméditation. Le plaignant a révélé que Raïssouni avait même soutenu Hamieddine pour qu’il obtienne réparation auprès de l’Instance équité et réconciliation (IER). D’ailleurs, le rapport d’arbitrage de l’IER a été considéré comme un document officiel ayant servi d’argument dans cette affaire. Hamieddine a, en effet, présenté à l’IER un document signé par Ahmed Raïssouni, dans lequel ce dernier atteste que son disciple était un membre actif dans l’organisation «Acteurs estudiantins» affiliée à la Ligue. Un témoignage en vertu duquel Hamieddine a obtenu réparation auprès de l’IER. Ce dernier a été, d’ailleurs, constamment défendu par Raïssouni en dépit des décisions judiciaires, conclut l’avocat Habib Hajji.
Le quotidien Assabah, qui traite le même sujet dans son édition du jeudi 4 avril, révèle que la BNPJ a convoqué Habib Hajji et Mohamed El Hini en tant que représentants juridiques respectivement de la Fondation Aït El Jid et de l’Association de la défense des droits de l’Homme. Une convocation qui fait suite à la plainte déposée par les deux avocats contre Ahmed Raïssouni, accusé de participation dans l’assassinat de Benaissa Aït El Jid. Le président de l’UIOM était alors à la tête de la «Ligue de l’avenir islamique», connue pour sa «violence idéologique et politique». Il est cité dans cette plainte en tant que chef direct d’Abdelali Hamieddine, à l’époque membre d’une organisation étudiante affiliée à ladite Ligue dirigée alors par ce même Raïssouni. Du coup, ajoutent les deux avocats plaignants, c’est lui qui a donné l’ordre à Hamieddine de participer, avec une bande criminelle, à l’assassinat de l’étudiant gauchiste. Une bande composée de plusieurs factions dont la Ligue de l’avenir islamique et Al Adl Wal Ihssane. L’un des membres de ce mouvement a d’ailleurs été condamné à une peine de prison pour homicide volontaire avec préméditation.