Emmanuel Macron effectue une visite d’une dizaine d’heures en Algérie. A l’occasion de ce déplacement éclair, qualifié par Alger de visite d’Etat, le président français a accordé un entretien aux deux grands quotidiens en Algérie: Alkhabar (arabophone) et El Watan (francophone). Evidemment, le dossier du Sahara a fait l’objet d’une question. La voici, ainsi que la réponse d’Emmanuel Macron.
«La position de la France sur le Sahara occidental est perçue comme étant favorable au Maroc. La France ne devrait-elle pas avoir une attitude plus équilibrée sur cette question pour pouvoir influer sur le règlement de ce conflit en suspens?»
«Notre position équidistante sur cette question est bien connue et n’a pas changé. Et elle ne changera pas. Le dialogue entre l’Algérie et le Maroc sur cette question est primordial. Ensemble, avec l’appui de la communauté internationale, vos deux pays doivent œuvrer à la résolution de cette crise. Son règlement constitue un énorme défi pour l’intégration du Maghreb. Elle représente un blocage économique majeur pour la région. J’espère que le Maroc et l’Algérie sauront dépasser leur divergence pour construire un Maghreb fort, uni et prospère.»
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Au-delà de l’aspect péremptoire et sans l’ombre d’une équivoque du soutien de la France au plan d’autonomie proposé par le Maroc, que traduit «ne changera pas», c’est le fait que Macron ne nomme même pas le Polisario qui mérite l’attention. De même que le SG de l’ONU, Antonio Guterres et le Conseil de sécurité l’ont souligné: l’Algérie est partie prenante au conflit du Sahara. Avec sa franchise qui rompt avec les usages, Emmanuel Macron dit: «Le dialogue entre l’Algérie et le Maroc sur cette question est primordial.» Sans ce dialogue ou négociations entre Rabat et Alger, il n’y aura jamais de solution au conflit du Sahara.
Alger aura beau se cacher derrière les questions de principe, la réalité de sa politique extérieure entièrement consacrée au «Sahara occidental», de même que la vocation de son agence de presse officielle (APS) à servir essentiellement d’outil de propagande contre le Maroc, montrent de façon manifeste à quel point l’Algérie est un acteur essentiel dans ce conflit. Qui pâtit de ce jeu de dupes orchestré par Alger sur le Sahara? La région du Maghreb qui est honteusement moribonde, autant du point de vue des échanges économiques et culturels que de la circulation des personnes. C’est le constat accablant fait par Macron sur toute une région, tenue en otage par un conflit qui ne peut être résolu tant qu'Alger continue de se réfugier derrière le Polisario. Ce triste constat a d’ailleurs porté Mohammed VI à annoncer la mort de l’UMA dans son message aux participants au sommet UA-UE à Abidjan.