À la veille de l’examen, prévu le 10 décembre, de la candidature marocaine à l’inscription du dossier «Le Caftan marocain: art, traditions et savoir-faire», la délégation algérienne a, dès le premier jour de la 20ème session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenté de faire modifier l’ordre du jour de la session.
Ainsi, dès l’examen du projet d’ordre du jour, les représentants algériens ont tenté de peser sur les priorités des débats en déposant un amendement. Celui-ci visait l’ajout d’un nouveau point «5.bis», exclusivement dédié à l’examen de leur demande de modification de l’intitulé de l’un des éléments déjà inscrit au titre de la Convention.
Selon des sources diplomatiques, Alger chercherait en effet à modifier l’intitulé de l’élément «Le costume féminin de cérémonie dans le Grand Est de l’Algérie: savoir-faire associés à la confection et à la parure de la Gandoura et de la Melehfa», inscrit en 2024, en y ajoutant le terme «caftan».
En réponse, le président du Comité, Vishal V. Sharma, ambassadeur et délégué permanent de l’Inde auprès de l’UNESCO, a rappelé que le Bureau du Comité, réuni en amont conformément aux pratiques établies, avait déjà arrêté un compromis unanime permettant de répondre à la préoccupation algérienne sans bouleverser l’architecture des travaux. Il a ainsi proposé de maintenir le point 9, consacré au suivi des éléments déjà inscrits, tout en ouvrant son examen par le sous-point 9.b — où figurent les demandes soumises par l’Algérie — avant de passer au sous-point 9.a. Une option jugée cohérente, dans la mesure où les demandes de modification d’intitulés relèvent du mécanisme de suivi, et non de la procédure d’inscription de nouveaux éléments.
Une réponse qui n’a pas satisfait la délégation algérienne qui, pendant près de 30 minutes, s’est bornée à faire mine de ne pas comprendre pour mieux essayer de contourner le règlement de l’UNESCO. Refusant ce compromis, la délégation algérienne a insisté pour que les États membres se prononcent directement sur son amendement. Le Bangladesh a alors pris la parole en premier, soulignant que le Bureau, composé de représentants élus du Comité, reflète déjà l’avis du Comité.
Les Émirats arabes unis ont, à leur tour, exprimé leur soutien à la position du Bureau. L’Espagne, se joignant à cette position, a toutefois indiqué que si un vote devait malgré tout être organisé, celui-ci devrait se tenir à bulletin secret, et non à main levée, procédure jugée tout à fait recevable par le conseiller juridique de l’UNESCO, dont la consultation a été exigée par le représentant du Bengladesh, visiblement exaspéré par des manœuvres de la délégation algérienne qui ne trompent personne.
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Car derrière cette insistance à examiner cet amendement sous l’intitulé du point «5.a», se cache en fait la volonté de la délégation algérienne de le voir examiner avant le dossier marocain «Le Caftan marocain: art, traditions et savoir-faire», inscrit quant à lui au point 7.b.33. Une initiative qui ne peut être dévoilée au grand jour devant le comité intergouvernemental tant cette manœuvre relève du grotesque. Celle-ci consiste en effet à pouvoir prétendre avoir enregistré l’appellation «caftan», avant le Maroc.
Acculée, devant faire face à un vote qu’elle n’avait pas prévu et à une situation diplomatique de plus en plus défavorable, la délégation algérienne a alors sollicité une suspension de séance afin de consulter sa capitale. Après une pause de quelques minutes qui lui ont été généreusement accordées, la délégation a finalement accepté, à la reprise des travaux, la proposition du Bureau, renonçant ainsi à l’organisation d’un vote qui avait pourtant été envisagé.
Le Comité a alors adopté l’ordre du jour tel que présenté, avec la simple inversion de l’ordre interne du point 9, sans aucune modification structurelle. Tout ça pour ça.








