Depuis quelques jours, Casablanca connait des précipitations sans précédent. La joie, cette joie enracinée dans l’imaginaire de tout Marocain face à la clémence du ciel, a vite cédé la place à une grande colère.
Les Casablancais, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, ont trinqué, chacun à sa manière. Entre les habitants d’un immeuble moyen standing qui ont vu leur parking souterrain submergé et leurs voitures sérieusement endommagées, les bidonvillois assaillis par les eaux boueuses et perdant le peu de meubles qu’ils avaient (pour ne pas dire le peu de dignité qui leur restait). Sans parler de ceux qui n’ont pas pu rejoindre leur travail car les principaux tunnels de la Métropole étaient inondés et les parents qui ne savaient pas quoi faire de leurs enfants dont les écoles ont dû fermer.
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La détresse, toute la détresse, de Casablanca a été étalée sur les réseaux. Des internautes suivaient l’assaut du Capitole aux USA, mais ils ont vite zappé vers «Dar Beida». Car c’était pire. Plus triste: cette métropole qui voulait être smart, mais qui s’est retrouvée sous les averses, les pieds dans la boue.
Où est passé Saïd Ahmidouch?
De mémoire de Marocain, et dans les traditions de l’Etat qui nous ont accompagnés pendant des décennies, dans chaque ville, l’autorité est représentée par le wali ou le gouverneur.
En cas de catastrophes, un wali ou un gouverneur, se met en treillis militaire, s’entoure de ses proches collaborateurs et retrousse ses manches pour mettre la main au cambouis. Le représentant de l’Etat, dans ces situations, ne dort pas et ne se calfeutre pas dans son bureau. Il inspecte, écoute, motive ses équipes et services et donne ses directives pour non seulement limiter les dégâts, mais aussi aider et soutenir les populations sinistrées.
Que s’est-il passé alors à Casablanca? Le wali est aux abonnés absents. Selon nos sources, il ne s’est même pas rendu à son bureau ce jeudi 7 janvier. Il est vrai que les pluies fortes ne sont pas propices à quitter un lit douillet, surtout si l’on habite à Anfa ou à Californie.
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La logique aussi, dans ce genre de situations, est de commencer par mettre en place une cellule de crise. Mais rien de cela n’a été fait. Les moyens d’Etat n’ont pas été mis en œuvre pour venir en aide aux populations sinistrées et le responsable de ces moyens est bien le wali. Où sont passés les services de la Protection civile qui sont aussi, au niveau régional, sous les ordres du wali? On ne les a pas vus, alors même que leur présence est d’une urgence criante.
Où sont les gouverneurs et ils sont une pléiade au Grand Casablanca? Suivant l’exemple de leur patron, en l’occurrence le wali, aucun d’entre eux n’a été vu sur le terrain.
Des élus qui creusent le gap avec les citoyens
Ne parlons pas des élus qui ont perdu la confiance des citoyens depuis des lustres et qui s’illustrent, encore une fois, par leur inutilité scandaleuse. Le maire El Omari, également ex-ministre, préfère son bureau, jusque-là épargné par les inondations, à un jet de pierre de celui du wali qui a préféré anticiper une inondation en restant chez lui.
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Et les parlementaires, toute une armée fournie par la seule ville de Casablanca? Walou! Personne au bout du fil. Les élus, surtout les islamistes, se sont empressés de dresser les gens contre la Lydec. Et ils essaient de nous faire oublier qu’il s’agit d’un prestataire qui a une double tutelle: le maître d’ouvrage (la mairie) et la tutelle, encore en la personne du wali.
Il y a eu des manques, des lacunes, des absences dans la gestion de la pandémie du Covid 19 de la part des pouvoirs publics à Casablanca, mais on invoquait mille et un expédients pour justifier le défaut d’implication et d'initiative. Cette fois-ci la situation est autrement plus grave et nécessite une intervention immédiate.
Certains Casablancais souffrent, et il n’y a pas que les habitants d’Anfa, Californie et des quartiers épargnés qui comptent. Ces Casablancais, quand bien même ils ne seraient que quelques centaines, sont abandonnés à eux-mêmes, et n’ont pas d’autres alternatives que de supplier le ciel pour que le toit ne s’effondre pas sur leur tête ou abandonner leur maison pour s’exposer avec leurs familles aux fortes pluies. Il est inacceptable que la wilaya de Casablanca et ses élus les laissent livrés à leur sort.