Mouvement inhabituel en ce mémorable lundi 27 octobre, à l’aéroport international Mohammed V, à Casablanca. Pour la première fois, des soldats en treillis ont été aperçus, le poing sur la gâchette, en train de faire des rondes, en compagnie d’éléments de la gendarmerie, de la sûreté nationale et des Forces auxiliaires, au sein de la plus grande plateforme de transport aérien, point de départ du Plan Hadar visant à renforcer le dispositif de sécurité autour des sites sensibles du royaume en prévision de toute attaque terroriste potentielle. Une ambiance d’autant moins coutumière que les historiens de l’instant, les journalistes, ont fait le déplacement à l’aéroport pour immortaliser ce moment glorieux de militaires se trouvant hors des murs infranchissables des casernes. "Des unités mobiles constituées d’éléments de la sûreté nationale et des Forces armées royales montaient la garde, le regard haut et le pas certain", décrit Assabah, dans son édition de ce mercredi 29 octobre. Même tonalité martiale relevée chez Al Massae. "L’armée sort des casernes pour assurer les édifices sensibles du royaume", titre le quotidien, en indiquant que ce déploiement massif des militaires et des éléments de sécurité intervient suite à des rapports de renseignement faisant état d’augmentation des menaces terroristes visant le royaume.
Bruits de bottes … et de "pantoufles" !
La présence remarquée et remarquable des vaillantes Forces armées royales relève à coup sûr d’une volonté de projection de puissance dont l’effet dissuasif n’est pas à démontrer. C’est la pièce maîtresse du nouveau mécanisme de vigilance, Hadar, mis en place sur instructions du Chef suprême et Chef d’état-major général des Forces armées royales, le roi Mohammed VI. Mais voilà, cette démonstration de force sous-tend "une action menée très discrètement par les services nationaux", explique Assabah. A cet effet, et parallèlement à la mise en œuvre du Plan Hadar qui sera élargi à tous les aéroports ainsi qu’à toutes les plateformes publiques nationales, dont les sites touristiques et les accès des institutions publiques, le ministère de l’Intérieur a annoncé l’arrestation, à Fès et Kénitra, de trois individus qui projetaient de rallier l’organisation terroriste d’Abou Bakr Al Baghdadi, Daach. Selon le communiqué du ministère de l’Intérieur, relayé par Akhbar Al Yaoum, les suspects seraient de nationalités française, marocaine et algérienne. "Les services de la BNPJ ont procédé, lundi 27 octobre, à Kénitra, à l’arrestation d’un citoyen français en compagnie d’un Marocain portant la nationalité française, alors qu’ils étaient "en instance de départ pour rejoindre l’Etat islamique en Irak et en Syrie", rapporte Al Khabar, en ajoutant que le troisième individu, un Algérien résidant au Maroc de manière clandestine, tentait de rejoindre son épouse marocaine déjà partie en Syrie en compagnie de ses parents.
Le Maroc en ligne de mire de Daach
Au rythme et dans les proportions de ces arrestations, il apparaît à l’évidence que le Maroc est devenu le point de transit pour les candidats du jihad aux côtés de Daach. Dans une déclaration à Akhbar Al Yaoum, Abderrahmane Mekkaoui, spécialiste des questions sécuritaires et militaires, explique cette tendance par la liberté de mouvement qu’offre le royaume à ces ressortissants en Europe et par l’existence d’un terreau propice, notamment la région du nord, facilement accessible à partir des deux villes marocaines occupées de Sebta et Mellilia. Seulement voilà, relève l’expert marocain, ces candidats au jihad réussissent souvent à traverser la rive nord sans être inquiétés, ce qui soulève la question des failles sécuritaires enregistrées notamment aux frontières françaises devenues une véritable passoire pour les candidats au jihad. Pour rappel, un Marocain de France a été dernièrement interpellé à l’aéroport Mohammed V en compagnie de ses deux filles, âgées de 2 et 4 ans, sur la base de renseignements fournis par la DGST. Le lancement du Plan Hadar à l’aéroport Mohammed V, comme point de départ de ce nouveau mécanisme de vigilance, prend son sens justement à la lumière de ces derniers développements.