Groupe terroriste arrêté à Had Soualem: «une cellule familiale est plus dangereuse car plus difficile à surveiller», estime l’expert Ihsane Hafidi

Ihsane Hafidi, docteur en études de sécurité et gestion des risques. (Y.Mannan/Le360)

Le 28/01/2025 à 19h02

VidéoDocteur en études de sécurité et gestion des risques, Ihsane Hafidi souligne pour Le360 le haut niveau de professionnalisme dont ont fait preuve la Direction de la surveillance du territoire et le Bureau central d’investigations judiciaires dans le démantèlement du groupe terroriste à Had Soualem dans la région de Berrechid. Cette cellule était composée de quatre membres, dont trois frères.

«Résultat d’une minutieuse enquête, le démantèlement opéré dimanche dernier à Had Soualem, marqué par le déploiement d’un important dispositif de sécurité, incluant un hélicoptère, n’avait rien de surprenant», a déclaré Ihsane Hafidi, expert en affaires sécuritaires, dans un entretien avec Le360, en ajoutant qu’il «s’agit du fruit d’une campagne rigoureuse de filature, de contrôle et d’investigations».

«Une opération menée par le Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), en collaboration avec la Direction de la surveillance du territoire (DST)», a indiqué notre interlocuteur, qui n’a pas manqué de souligner l’efficacité des services de la DGSN dans la lutte contre le terrorisme.

«Trois étapes ont précédé cette opération: collecte d’informations via le renseignement, surveillance et enfin intervention sur le terrain», a détaillé l’expert.

L’approche des services est «proactive et préventive» tout comme l’important déploiement des moyens «montre que les quatre terroristes arrêtés avaient atteint une phase avancée de la préparation de leur macabre projet. Cette cellule était composée de quatre personnes. Il y avait une menace sérieuse et les saisies effectuées révèlent la dangerosité élevée de ces personnes qui ont bénéficié de la facilité d’accès à des produits chimiques destinés à la fabrication d’explosifs», selon l’expert.

Les perquisitions menées sur les lieux ont en effet permis la saisie d’armes blanches de différentes tailles, de nombreuses bouteilles contenant des liquides et poudres chimiques, de sacs remplis d’engrais chimiques, de soufre, de charbon en poudre, ainsi que de sels et autres substances suspectes. Également confisqués, des fils électriques, du matériel de soudure et des rubans adhésifs, suspectés d’être destinés à la fabrication d’explosifs. Ces objets ont été confiés à la police scientifique et technique pour analyse.

Le chercheur estime que l’allégeance de ce groupe à l’organisation terroriste Daech prouve sa préparation bien avancée. «Un enregistrement audio prouve toutes ces activités et les étapes effectuées dans le cadre de la préparation du projet terroriste», a expliqué cet universitaire.

D’après lui, l’allégeance marque la phase précédant l’exécution durant laquelle des cibles sont identifiées avec Daech. Selon certaines sources, a poursuit Ihsane Hafidi, «il y aurait des documents écrits, des messages et des livres incitant à de tels actes. L’installation de la cellule en périphérie des grandes villes montre que la cible potentielle était Casablanca car capitale économique du pays.»

Le chercheur estime qu’il existe «deux modèles distincts, celui des cellules en réseau type d’Al-Qaïda, et le modèle des ‘loups solitaires’, généralement une personne influencée idéologiquement par des pensées terroristes et qui agit seule pour le compte d’une organisation».

Pour le cas du groupe arrêté à Had Soualem, «nous sommes face à un troisième modèle: celui de la cellule terroriste familiale» qui implique des membres d’une même famille. «Aujourd’hui, nous parlons de trois frères, plus une quatrième personne. Ce modèle complique le travail des services de sécurité, car les membres vivent dans la même maison et ont des liens étroits, ce qui rend les communications électroniques moins nécessaires et plus difficiles à surveiller», ajoute-t-il.

«Désormais, le Maroc est un exemple en matière de lutte contre le terrorisme, grâce à sa stabilité et à ses institutions fiables, comme en témoignent les partenariats internationaux», selon lui.

Sur le plan international, ajoute-t-il, le Maroc préside le Forum mondial de lutte contre le terrorisme et co-préside avec l’Italie et le Nigeria, le Groupe de réflexion africain sur le terrorisme. De plus, le Maroc abrite un centre de formation des Nations unies dédié à la lutte contre le terrorisme à Rabat. En guise de conclusion, Ihsane Hafidi soutient que le Maroc «joue un rôle central dans la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme».

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 28/01/2025 à 19h02