«Le jour où le parti nous demande de nous retirer de la coalition gouvernementale, nous allons partir». C’est la première fois que le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, fait miroiter sa démission depuis sa nomination, il y a à peine trois mois après la formation de son équipe gouvernementale. Le timing de cette révélation ainsi que le contexte dans lequel elle a été annoncée alimenteraient des polémiques et des interprétations.
En effet, le chef du gouvernement, qui est en même temps président du conseil national du Parti de la justice et du développement (PJD), a choisi l’ouverture des travaux du septième congrès national de l’Organisation Attajdid Attolabi, bras estudiantin du parti de la Lampe et du Mouvement de l’unité et de réforme (MUR), vendredi, pour s’arrêter sur la situation politique générale dans le pays avant d’annoncer qu’il serait partant au cas où le parti le décide.
Dans ce sillage, le quotidien Akhbar Al Yaoum, qui se fait l’écho de ce sujet dans son édition de ce week-end 5 et 6 août, affirme que le PJD traverse "une zone de turbulences", depuis la formation de l’actuel gouvernement à cause notamment des concessions que le parti avait faites et qui ont été fortement critiquées par une large partie des militants du PJD. Le quotidien, réputé proche du clan de l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a rappelé, en citant El Othmani, que l’actuel gouvernement a vu le jour dans des conditions extrêmement difficiles.
Et de mettre en exergue une déclaration du successeur de Benkirane, laissant entendre que «certaines parties n’avaient pas voulu que cette coalition gouvernementale voit le jour».
Ces parties, qu’il n’a pas nommées, continuent de manœuvrer avec leurs plumes, leurs comportements et leurs réactions en vue d’entraver l’action gouvernementale, a-t-il renchéri, soulignant que sa mission est difficile.
Cette déclaration du chef du gouvernement à l’ouverture du septième congrès national de l’Organisation des étudiants du PJD et du MUR intervient sept jours après le discours royal dans lequel le souverain a vivement critiqué la classe politique au sujet des défaillances et des problèmes dont souffrent l’administration et le développement socioéconomique du pays.