Sitôt nommés, Saâd-Eddine El Othmani et son gouvernement ont du pain sur la planche. Les prochains jours devraient en effet être particulièrement chargés pour l’Exécutif qui, non seulement doit s'atteler aux priorités auxquelles fait face tout gouvernement fraîchement mis en place, mais va devoir aussi rattraper le retard induit par la vacance de ces six derniers mois.
Comme le veut la coutume, la première des priorités sera la finalisation de la déclaration gouvernementale et le programme de l’Exécutif pour ces cinq années de mandat. Saâd-Eddine El Othmani et les autres leaders des partis de la majorité ont déjà tenté d’anticiper cela en diligentant, au lendemain de l’annonce des partis qui constitueront le gouvernement, une commission socio-économique formée des représentants des six partis pour avancer sur ce programme.
Selon des observateurs de la scène politique, cette initiative permettra au nouveau gouvernement de finaliser rapidement son programme et sa présentation au Parlement, dès l’ouverture de la session du printemps prévue le 14 avril (soit le deuxième vendredi du mois d’avril, comme le veut la coutume).
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Comme l’avait souligné il y a quelques jours une source bien informée à le360, «le programme socio-économique de ce gouvernement est déjà arrêté. Il suffit d’y apporter quelques réajustements».
Une fois le programme présenté au Parlement et le vote de confiance de ce dernier obtenu, l’Exécutif devra s'attaquer à l’épineuse question de la Loi de finances. Déposée le 20 octobre dernier, elle n’a pu être ni discutée ni adoptée en raison du blocage gouvernemental. C’est en faisant valoir l’article 50 de la Loi organique des finances que le gouvernement sortant a pu débloquer par décret les crédits nécessaires à la bonne marche des services publics. Pour le reste, les dispositions incluses dans le projet de Loi de finances déposé et qui sont à l’avantage du contribuable sont entrées en vigueur depuis le 1er janvier.
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Selon la réglementation en vigueur, le nouvel Exécutif a le choix entre maintenir le projet de Loi de finances tel qu’il a été déposé le 20 octobre dernier et le soumettre au vote du Parlement, ou le retirer et en proposer un autre. Plusieurs sources politiques avancent que l’option privilégiée aujourd’hui est celle du maintien du PLF, avec l’introduction de quelques amendements lors de sa discussion au Parlement. Cela permettrait à l’Exécutif de gagner du temps et se consacrer au projet de Loi de finances 2018 qui reflétera véritablement la politique gouvernementale.
Par ailleurs, Saâd-Eddine El Othmani aura également une urgence sociale à gérer, héritée de la politique du gouvernement Benkirane. Le bilan du dialogue social de ce dernier étant peu reluisant, plusieurs secteurs sociaux sont récemment montés au créneau et des grèves sont annoncées un peu partout dès la mi-avril. C’est le cas par exemple des collectivités locales. Après une série de sit-in, l’Union marocaine du Travail prévoit en effet une grève générale, la deuxième du genre en moins d'un an, le 13 avril courant. Le chef de gouvernement désigné est donc attendu au tournant par les syndicats et devra rapidement envoyer un signal fort pour rétablir la confiance et apaiser les tensions, en attendant de reprendre sérieusement le dialogue social.