Le projet d’un gazoduc reliant le Nigéria au Maroc, porteur d’une vision royale pour l’Atlantique, et qui constitue une opportunité de transformation énergétique, économique et sociale d’une grande partie de l’Afrique, avance à pas sûrs.
C’est la principale conclusion de la troisième édition du Forum annuel MD Sahara, récemment organisée à Rabat, et dont L’Économiste rend compte, ce mercredi 15 mai 2024.
Interrogée par le quotidien, Imane Mansourine, directrice du développement et de la production à l’Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym), a d’abord tenu à rappeler que cette infrastructure, un pipeline construit sur une distance d’environ 7.000 km, va permettre de connecter treize pays côtiers de la façade atlantique et trois autres, enclavés à l’intérieur des terres: le Niger, le Mali et le Burkina Faso.
Sur un plan technique, les études de pré-faisabilité, de conception et d’ingénierie détaillées ont été finalisées au début de cette année 2024, indique L’Économiste, qui précise que le coût du projet a donc pu être évalué: il est «estimé à 25 milliards de dollars».
Concernant le volet juridique, «l’accord intergouvernemental, dont la signature est prévue fin 2024», est finalisé, explique le quotidien, qui précise que celui-ci permettra de constituer un «cadre juridique [pour] ce projet, et devra réunir tous les pays hôtes, sponsors et les Etats membres de la CEDEAO».
Selon L’Économiste, «la réalisation de ce projet va se dérouler en quatre phases (abrégées par «Ph»). La Ph 1A qui va relier le Ghana à la Côte d’Ivoire, la Ph 1B reliant le Sénégal au Maroc, la Ph 2 joignant Nigéria au Ghana, et la Ph 3 qui va raccorder la Côte d’Ivoire au Sénégal».
Cette approche va permettre de gérer d’une manière efficace chaque phase, en termes de financements, de techniques et d’approvisionnements. Les deux segments Ph 1A et Ph 1B seront simultanément lancés et réalisés, les autres suivront.
La décision finale d’investissement est prévue pour le début de 2025, et les dates des premiers jets de gaz, pour les premières phases (Ph 1A et Ph 1B), sont attendues fin 2028 et début 2029.
Ce méga-projet permettra d’exploiter d’énormes ressources naturelles dont disposent les pays de cette région, avec des réserves en gaz naturel -prouvées- et interconnectées, estimées à 8.800 milliards de mètres cubes, ce qui va permettre d’améliorer le PIB de la plupart de ces pays, qui abritent, au total, une population de près de 400 millions d’habitants, explique le quotidien.
D’une capacité de 30 milliards de mètres cubes par an, le gazoduc va également permettre de renforcer la sécurité et l’autonomie énergétique, en approvisionnant en gaz naturel des pays de l’Afrique de l’Ouest, du Maroc et du marché européen. Cette nouvelle donne va donc permettre «d’accélérer l’électrification, et par conséquent favoriser le développement d’activités industrielles et la création d’emplois», indique encore L’Économiste.