Dès le mois prochain, le Royaume Uni mettra en œuvre le fameux «British exit from the European Union», ou Brexit, et quittera l’UE. Une décision qui se répercutera sur les relations de Londres avec ses nombreux partenaires à travers le monde, dont le Maroc.
Dans une interview parue dans les colonnes du quotidien Al Akhbar du mercredi 4 décembre, Thomas Reilly explique que les relations maroco-britanniques de l'après-Brexit seront plus fortes pour deux raisons essentielles. D’une part, la Grande-Bretagne sera dans l’obligation de diversifier et renforcer ses relations bilatérales, économiques et commerciales surtout, pour compenser sa sortie de l’Union européenne. D’autre part, la Grande-Bretagne lorgne vers l’Afrique, ce continent de l’avenir car aux énormes potentialités. Pour ce faire, Londres compte faire du Maroc sa porte d’entrée vers l’Afrique francophone, après avoir limité par le passé l’essentiel de ses relations avec les Africains du Commonwealth comme l’Afrique du Sud, le Nigéria ou l’Ouganda.
C’est d’ailleurs en prévision de cette dynamique qui sera impulsée dans les relations maroco-britanniques après le Brexit que le MAEC Nasser Bourita était récemment à Londres où il a signé de nombreux accords de coopération commerciale entre les deux pays. Ces accords concernent surtout les exportations agricoles marocaines (tomates, agrumes…) qui étaient régies par l’accord de libre-échange avec l’UE et que la Grande-Bretagne conservera en les améliorant. En effet, selon Thomas Reilly, tous les accords qui liaent le Maroc à l’UE seront maintenus et transformés en accords bilatéraux, dont certains seront sous forme de libre-échange.
Mieux, et vu la faiblesse actuelle des investissements britanniques au Maroc, que Reilly impute à la prudence légendaire des British et, surtout, à une méconnaissance du climat des affaires au Maroc, l’ambassadeur britannique a révélé que ses équipe travaillaient d’arrache-pied pour attirer les investissements britanniques vers les niches potentielles du Maroc: explorations pétrolières et gazières, énergies renouvelables, transport maritime, ports, finances, assurances…
Qualifié de proche des majors pétrolières britanniques, Reilly assure que les perspectives en matière de découvertes d’importants champs pétroliers et gaziers au Maroc sont très prometteuses d’après les données dont il dispose.
Concernant les relations politiques et diplomatiques entre Londres et Rabat, qui remonteraient à quelque 800 ans, l’ambassadeur assure que ces relations sont à la fois anciennes et en constante amélioration. Rien que pour les deux derniers années et demie, 13 ministres britanniques ont visité le Maroc, alors que 14 ministres marocains ont visité la Grande-Bretagne durant la même période.
Pour ce qui est de la position de Londres sur la question de l’intégrité territoriale du Maroc, Reilly a assure que son pays soutient les efforts de l’ONU en vue d’aboutir à une «solution politique, juste, réaliste, pragmatique et durable, acceptée par toutes les parties».
De même, pour avoir exercé successivement en Jordanie, au Koweit, au Yémen, puis en Egypte durant le printemps arabe, Reilly estime que les réformes introduites par le roi Mohammed VI en 2011 sont importantes et constituent une grande avancée en matière de libertés et de démocratie dans ce pays «exceptionnel» qu’il aime beaucoup. D’ailleurs, Reilly reconnait qu’il a parcouru plus de 85.000 km en voiture à travers le Maroc: Sahara, nord, Atlas… et compte bientôt faire une longue virée dans l’Oriental. D’ailleurs, comme lui, 750.000 Britanniques ont visité le Maroc l’année dernière, soit 100.000 de plus qu’une année auparavant. Sur ce volet touristique, Reilly est revenu sur sa «remarque» à l’égard de la Royal air Maroc, en affirmant tout simplement qu’il avait dénoncé l’exiguïté de l’espace entre les fauteuils de l’avion qu'il empruntait parce qu’il est un grand client de la RAM et qu’il a le droit d’exiger un service de qualité pour lui et pour les potentiels touristes qui se ruent sur la destination Maroc.