«Le Maroc a besoin d’un gouvernement avec une majorité effective et non virtuelle». C’est ainsi que l’UC a réagi aujourd’hui à l’offre faite par Abdelilah Benkirane à Aziz Akhannouch et qui met automatiquement le parti du Cheval hors course pour la formation du futur Exécutif.
Dans un communiqué rendu public aujourd’hui, l’UC se dit étonnée de voir le chef du gouvernement désigné essayer de mettre fin à une alliance «stratégique» et à «long terme» avec le RNI, sachant que cette alliance, traduite d’abord par la formation d’un groupe parlementaire commun, a été scellée bien avant que les tractations ne commencent.
L’UC, qui prône une approche rationnelle dans la formation du nouveau gouvernement, appelle à un Exécutif «sérieux» et adossé à une majorité confortable et homogène.
Ce communiqué est publié la veille d’une nouvelle rencontre du président du RNI avec Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement désigné, qui, lors de la rencontre d’hier, mercredi, a proposé de reconduire la majorité sortante, mettant ainsi à l’écart l’UC et l’USFP.
Son de cloche du côté du PJD
Au lendemain de la rencontre qualifiée de décisive entre le chef du gouvernement désigné et le président du RNI, la coalition qui se dégage serait formée du PJD, du RNI, du MP et du PPS, soit un total de 201 sièges, une courte majorité qui permettrait de se passer de l'UC et de l'USFP. Benkirane peut également compter sur les 3 voix du MDS de Abdessamad Archane et un soutien parlementaire, supposé sans faille, de l'Istiqlal (47 sièges).
Ce jeudi, on estime dans les milieux du PJD que la proposition que Benkirane a communiquée à Akhannouch est une «importante concession». «Il attend une réponse d'Akhannouch dans les prochaines 24 heures», a déclaré à le360 une source PJDiste proche du chef du gouvernement désigné. «Cette concession est le maximum que pourra consentir Benkirane», prévient la source.
On souligne aussi que la proposition de Benkirane d'écarter l'UC et l'USFP doit être considérée comme un compromis après que le chef du PJD ait été «forcé» d'évincer l'Istiqlal, suite aux propos irresponsables de Hamid Chabat sur la Mauritanie. Abdelilah Benkirane ne veut pas de l'UC de Mohammed Sajid et encore moins de l'USFP de Driss Lachgar, parti qu'il souhaite «corriger» après ses atermoiements concernant sa participation au gouvernement. Un jour oui, le lendemain peut-être.
Le communiqué de l’UC, conjugué aux propos de proches de Benkirane, laisse supposer que la rencontre décisive de demain ne débouchera pas sur la proclamation d’une majorité gouvernementale. Le soutien proclamé du PI au gouvernement semble donner des ailes à Benkirane. En d’autres termes, le chef du gouvernement désigné a consenti à sortir l’Istiqlal du gouvernement, tout en comptant sur lui au Parlement.
C’est un scénario rare dans la politique: le meilleur allié de Benkirane se trouve dans l’opposition et accordera sa confiance à toutes les propositions du gouvernement.
Ce calcul est toutefois risqué. Il n’est pas sûr que les députés frondeurs du PI suivent les instructions de leur SG.
Il n’est pas non plus certain que le successeur de Chabat accorde un blanc seing au gouvernement de Benkirane. Et il n’est pas sûr que les projets de ministres RNI ou MP seront votés par les députés du PI. Ce sont là autant d’incertitudes qui fragilisent la coalition gouvernementale, forte seulement d’une voix et demie.
Demain, Aziz Akhannouch répondra à l’offre de Benkirane.
Le communiqué de l’UC donne déjà un avant-goût de cette réponse. Le déblocage du gouvernement que l’on pensait imminent est seulement partiel.