Lors d’une réunion de la Commission des Affaires étrangères, des affaires islamiques et des MRE à la Chambre des conseillers, tenue mercredi dernier, le débat a porté sur le rôle des ulémas et de la commanderie des croyants dans la lutte contre l’extrémisme et le radicalisme religieux qui se manifestent de temps à autre, et parfois plus ou moins violemment, dans la société marocaine.
Selon le quotidien Assabah du 22 novembre, les esprits se sont échauffés lors de ce débat quant Cheikh Mohamed Biadillah, conseiller parlementaire et dirigeant au sein du PAM, a affirmé dans son intervention que le modèle religieux adopté par le Maroc est le meilleur moyen de faire face à l’extrémisme, qu’il soit véhiculé par les islamistes violents ou par les orientalistes occidentaux qui ne comprennent rien à l’Islam. Il a ainsi ajouté que les fatwas d’El Qaradawi, qui incite à «tuer et couper les têtes», et les idées takfiristes des Frères musulmans égyptiens sont étrangères aux coutumes et pratiques religieuses tolérantes du Maroc.
Il n’en fallait pas plus pour que Abdelilah Hallouti, conseiller parlementaire du PJD, sorte de ses gonds et se lance dans la défense d’El Qaradawi et Seyyed Qotb, les chefs de file actuel et passé des idéologues des Frères musulmans égyptiens. Selon lui, El Qaradawi a été «invité par feu Hassan II aux causeries religieuses du Ramadan alors que sa tête a été mise à prix par Al Qaïda et Daech», et que les «Marocains savent distinguer entre ses bonnes et ses mauvaises fatwas».
Pour ce qui est de Seyyed Qotb, le parlementaire PJDiste a avancé qu’il n’a versé dans l’extrémisme qu’après avoir tenté, de retour des Etats-Unis, d’abattre, à travers ses écrits, le régime militaire de Gamal Abdel Nasser. Une façon d’insinuer que Seyyed Qotb voulait instaurer la démocratie par la biais de la violence adoptée par la nébuleuse des Frères musulmans. Un alibi tortueux qui n’a pas échappé à Biadillah, qui a rétorqué que Seyyed Qotb considérait les Marocains, à l’instar des autres musulmans, comme relevant de ce qu’il appelait la «Jahiliya moderne».
Face à l’exacerbation du débat, et sachant que cette passe d’armes dépasse le cadre partisan et l’inimité bien établie entre PAM et PJD, le ministre des Affaires islamiques et des Habous, présent à la réunion de la commission parlementaire, a rappelé l’élu PJDiste à l’ordre. Il lui a ainsi demandé de ne plus essayer de cacher les dérapages d’El Qaradawi, qui sont réels et qui n’ont servi ni l’Islam, ni les musulmans.
Pire, selon Ahmed Taoufiq, Al Qaradawi a suivi la voie balisée par Seyyed Qotb pour les extrémistes et les terroristes islamistes. Et d’ajouter que le «Maroc n’a rien à faire avec les idéologies radicales venant de l’Orient, et qu’il s’en tient à la Bey’a qui lie le Commandeur des croyants, défenseur de la nation et de la religion en contrepartie de la légitimité que lui reconnaissent les citoyens». Un système qui n’est pas figé, mais dynamique à travers le temps, et qui sera davantage modernisé à travers le nouveau modèle de developpement en gestation.