La rencontre vaut son pesant d'or. Et c'est à Tanger, où le roi Salmane d'Arabie saoudite séjourne dans le cadre d'un voyage privé depuis un mois et demi, qu'elle a eu lieu. Il s'agit de celle du roi saoudien et du vice-chef des armées qataries, envoyé personnel du Cheikh Tamim Bin Hamad, qui préside aux destinées de ce petit mais, néanmoins, riche et influent pays du Golfe.
Véritable première, la rencontre a eu lieu ce jeudi 17 août au palais du roi Salmane, dans la ville du Détroit. Le vice-chef des armées du Qatar, le général turc Tayyeb Ural Uglu -la Turquie et le Qatar ayant conclu un partenariat militaire des plus stratégiques- s'est ainsi entretenu pendant plus de 40 minutes avec le serviteur des lieux saints de l'islam. Au coeur des discussions, la crise née entre le Qatar, d'une part, et les majors des pays du Golfe, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis en premier. L'occasion pour le représentant du Qatar de remercier le souverain saoudien d'avoir ouvert les frontières terrestres et aériennes de son pays aux pèlerins qataris voulant accomplir le cinquième pilier de la religion musulmane, à savoir le Hajj.
L'Arabie saoudite a en effet décidé d'ouvrir sa frontière avec le Qatar pour permettre aux pèlerins de se rendre sans entrave au pèlerinage à La Mecque, une mesure saluée jeudi par Doha. Sur proposition du prince Mohammed, le roi Salmane a approuvé l'entrée des pèlerins qataris par l'unique poste-frontière terrestre de Salwa, puis leur transport depuis l'aéroport international du roi Fahd à Dammam (Est saoudien), vers les lieux saints. Le roi saoudien a également ordonné l'envoi d'avions saoudiens à l'aéroport de Doha pour transporter "tous les pèlerins qataris à ses frais vers la ville de Jeddah", d'où ils gagneront la Mecque.
On n'en saura pas davantage sur les autres sujets évoqués, si ce n'est que de hauts responsables saoudiens, dont deux fils du roi Salmane, y ont pris part, au même titre que le vice-directeur des renseignements qataris.
Désigné au poste de vice-chef des armées du Qatar depuis le 10 juin dernier, le général Tayyeb Ural Uglu dispose d'un mandat de six mois renouvelables. Il peut, à ce titre, représenter son pays de désignation.
Rappelons que le 5 juin, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont rompu tout lien avec le Qatar, accusé de soutenir des groupes extrémistes et de se rapprocher de l'Iran. Ryad a aussitôt fermé sa frontière avec le Qatar -sa seule frontière terrestre- et, avec ses alliés, elle a suspendu tous les vols avec l'émirat, fermant les espaces aérien et maritime aux appareils qataris.
Rappelons également que, depuis la naissance de la crise, le Maroc n'a cessé de jouer un rôle de neutralité positive, avec périple régional du ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita dans la région, pour tenter de rapprocher les points de vue et appeler à la sérénité dans la gestion des différends entre des pays frères.