Etat d'urgence sanitaire: des moutons rôtis et des "foyers électoraux"

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Revue de presseKiosque360. Certains partis politiques ont entamé des campagnes électorales prématurées en violant l’état d’urgence sanitaire. Des banquets électoraux fleurissent partout, comme dans la région de Settat, où les autorités ont saisi des véhicules pleins de viande d’agneau destinée à cet effet.

Le 03/02/2021 à 20h04

Les services des affaires intérieures des préfectures et des provinces ont déclaré la guerre aux auteurs des campagnes électorales prématurées faites à travers de faux mariages et l’exploitation des cérémonies funéraires. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du jeudi 4 février, que les élus et les notables contournent donc, par ces subterfuges, les mesures préventives contre le coronavirus et violent les dispositions leur interdisant de mener campagne en dehors du délai légal. Selon certaines sources, les autorités locales de Settat ont pu faire avorter des banquets électoraux quelques heures avant l’arrivée des invités, grâce à la vigilance des auxiliaires d’autorité. 

Ces derniers avaient localisé des véhicules transportant de la viande d’agneau de l'abattoir de Guisser vers un douar situé dans une autre commune. Laquelle commune, dont la présidence suscite déjà une bataille électorale acharnée, ferait l’objet d’un nouveau découpage territorial. Afin d’éviter la complicité des Mokadems dans les festins électoraux, le ministère de l’Intérieur a créé un nouveau corps d’auxiliaires d’autorité. Il s'agit de cheikhs qui ne disposent pas de prérogatives dans une circonscription bien déterminée et ont pour mission d’effectuer des inspections dans toutes les communes de la préfecture ou de la province pour circonscrire les campagnes électorales anticipées.

Le quotidien Assabah rapporte que certains partis ont déjà commencé leur campagne électorale en utilisant différents moyens et en élaborant leurs listes électorales dans un climat de conflits futiles. Des guéguerres qui ne relèvent aucunement de dossiers vitaux, programmes ou visions servant les intérêts de la population, mais qui visent l’obtention de sièges et l’atteinte d’une majorité. Le président de l’Association marocaine de protection des biens publics (AMPBP), Mohammed El Ghaloussi, indique que des personnes suspectées de corruption, dont certaines ont été condamnées par la justice, cherchent à se présenter aux prochaines élections. 

Une situation qui, dit-il, découle de la suprématie de la logique de l’impunité et du non respect du principe de la primauté de la loi. Ce qui risque d’aggraver le coût politique de la corruption par la désaffection électorale et la perte de confiance dans les institutions et l’action politique. Du coup, poursuit-il, on assistera au retour des mêmes figures qui domineront la scène électorale, avec toutes les répercussions négatives que cela suppose sur l’avenir du pays: «Tous les indicateurs confirment que nous allons rater notre rendez-vous avec l’histoire et que nous continuerons à perdre du temps et à gâcher des opportunités. Du coup, nous reporterons, à nouveau, les dossiers du développement, de la justice sociale, de la démocratie et des droits de l’Homme», conclut le président de l’AMPBP.

Par Hassan Benadad
Le 03/02/2021 à 20h04