En écartant Benkirane, le roi applique à la lettre la Constitution

DR

Engagé de façon résolue dans la voie de la démocratisation du pays, Mohammed VI a fait le choix du respect littéral de l’article 47 de la Constitution. Il écarte Benkirane, mais respecte le parti qui est arrivé en tête des élections. Eclairage.

Le 16/03/2017 à 00h11

Même en écartant Benkirane, le roi respecte à la lettre la Constitution du pays et l’article 47 qui avait fait l’objet de plusieurs commentaires ces dernières semaines. Dans l’article 47 de la Constitution, il est écrit que «le Roi nomme le Chef du Gouvernement au sein du parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des représentants».

Comme le rappelle le communiqué du Cabinet royal, 48 heures après l’annonce des résultats des élections législatives du 7 octobre 2016, le roi a désigné Abdelillah Benkirane chef du gouvernement. Il a donc chargé le SG du PJD de former un gouvernement, alors que rien n’oblige constitutionnellement à ce que ce poste revienne au chef du parti qui a remporté le plus de voix aux législatives.

Cinq mois plus tard, le SG du PJD ne réussissait toujours pas à former un Exécutif. Le communiqué du Cabinet royal souligne que «le roi a exhorté à plusieurs reprises le chef du gouvernement désigné à accélérer la formation du gouvernement». En vain. Car non seulement, les négociations faisaient du sur-place, mais elles semblaient s’enliser dans une impasse. Ce qui impactait la marche des appareils législatifs du pays, la Chambre des représentants étant paralysée et le blocage menaçait de torpiller l’économie, puisque les marchés publics étaient quasiment à l’arrêt.

Pour «dépasser la situation actuelle d’immobilisme», le roi avait plusieurs options, il a choisi celle qui applique à la lettre l’esprit de la Constitution, apportant ainsi un ciglant démenti à certains commentateurs qui avaient spéculé sur une nomination de Aziz Akhannouch, président du RNI, n’hésitant pas à parler d’un «hold-up de la Constitution». Il s’avère que le respect de la Constitution et des réformes démocratiques engagées dans le pays est davantage enraciné dans l’esprit du souverain que dans la tête de nombre de commentateurs.

Emporté par son succès dans les urnes qui en faisait le chef du premier parti politique au Maroc, mais non pas celui du parti majoritaire, Benkirane a souvent péché par orgueil, en subordonnant les intérêts de l’Etat à des questions d’ego. Sa rigidité menaçait d’immobiliser les institutions de l’Etat. Une situation qui ne pouvait durer, en dépit de la personnalité sympathique du SG du PJD.

Le souverain a salué Benkirane en des termes chaleureux : «Sa Majesté le Roi a tenu à saluer le haut sens de responsabilité et de patriotisme sincère dont a fait preuve M. Abdelilah Benkirane, tout au long de la période pendant laquelle il a assumé la présidence du gouvernement, en toute efficacité, compétence et abnégation». 

Au final, il a manqué peu de choses à Benkirane pour réussir la mission qui lui avait été confiée. Son successeur réussira-t-il à débloquer rapidement un blocage qui dure depuis plus de cinq mois ? Trois noms sont cités avec insistance. Aziz Rabbah, Mustapha Ramid et Saâdeddine El Othmani.

Par Le360
Le 16/03/2017 à 00h11