Le torchon brûle entre Saâd Eddine El Othmani et Youssef Amrani. Selon une source bien informée au ministère des Affaires étrangères, El Othmani s’est plaint au chef du gouvernement Benkirane des mauvais traitements que lui fait subir Amrani. Incapable de cadrer ou de raisonner le ministre délégué aux Affaires étrangères, Benkirane a remonté la plainte jusqu’au roi Mohammed VI.
Le ministre des Affaires étrangères affirme n’être plus en mesure de supporter "les humiliations" que lui fait subir le ministre délégué aux Affaires étrangères. Il dit être incapable de tolérer davantage les propos que son "second" répète à son égard dans les chancelleries étrangères. Amrani "répète partout qu’il est le vrai ministre marocain des Affaires étrangères, que je comprends rien à la diplomatie, que je suis un incompétent et qu’il ne faut surtout pas prêter attention à ce que je dis", affirme El Othmani dans ses doléances.
L’humiliation de trop !
La dernière réunion, organisée le 29 avril à Washington, entre le secrétaire d’Etat américain John Kerry et une délégation marocaine "de haut niveau" à laquelle a fait défaut le chef de la diplomatie marocaine a été l’humiliation de trop. El Othmani n’a pas accepté d’être écarté de cette délégation composée de Taib Fassi Fihri, conseiller du roi, de Mohamed Yassine Mansouri, patron de la Direction générale des études et de la documentation (DGED) et de l’homme qui lui fait de l’ombre, Youssef Amrani. Il n’accepte plus que le ministre délégué apparaisse comme le vrai chef de la diplomatie marocaine, lors des grandes occasions.
Notre source ajoute que l’appel au secours d’El Othmani n’est pas resté lettre morte. Youssef Amrani a été rappelé à l’ordre par le cabinet royal qui revêt de plus en plus l’allure d’un pompier de choix, dédié à Benkirane pour éteindre les feux dans la maison peuplée par ses ministres du PJD. Si ces ministres faisaient pourtant l’effort de s’occuper des vrais dossiers du Maroc, au lieu de s’époumoner dans les meetings de leur parti, s’ils se débarrassaient de leurs costumes de militants PJDidistes pour revêtir la stature d’homme d’Etat, ils imposeraient d’eux-mêmes leur autorité sans en référer au roi. Mais en sont-ils capables ?
