L’Exécutif paie le prix fort de la faible personnalité de son «chef», Saad-Eddine El Othmani. Un charisme qui frôle le degré zéro et une présence absente, sans influence aucune, qui présage de la chute du gouvernement. A tout moment. Si cette échéance n’est pas provoquée par le projet de loi-cadre, elle le sera, à coup sûr, pour une autre raison.
Depuis sa nomination à la tête du gouvernement après le sempiternel blocage perpétré par l’inénarrable Benkirane, l’homme a gardé le même style «froid» dans sa gestion de la chose publique. Un style basé sur la réaction sans l’action et encore moins sur l’anticipation de l’action. Ce qui le place loin derrière les composantes de la majorité et dans une position peu enviable au sein même de son parti. Le chef du gouvernement est apparu, dans plusieurs étapes cruciales et déterminantes pour le pays, en marge sinon en marge de la marge. Un vide que ses adversaires s’empressent de remplir, qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition pour en tirer toutes les ficelles.
Ses détracteurs au PJD en profitent pour lui assener des coups durs comme l’a fait Benkirane en poussant le groupe parlementaire du parti à se soulever contre lui. L’ex-chef du gouvernement a même incité les parlementaires à se retirer des séances consacrées au vote du projet de loi-cadre dans son volet relatif à la langue d’enseignement et à l’enseignement des langues.
Dans un éditorial signé par Khalid El Houri, le quotidien Assabah souligne, dans son édition du samedi 6 avril, que Benkirane a mis El Othmani dans une position politique pour le moins humiliante devant la majorité et les ministres. Du coup, ces derniers ont commencé à le considérer come un élément qui entrave l’action gouvernementale et comme un chef d’équipe incapable de défendre ses choix, ses compromis et ses programmes. Ce faisant, le chef du gouvernement est devenu impuissant face aux engagements qu’il a pris devant les représentants de la nation et auxquels ont été alloués des budgets émanant de l’argent des contribuables.
El Othmani est tout aussi désarmé et trouve des difficultés à tenir les rênes d’un parti dont il est, pourtant, le secrétaire général. Il est incapable de convaincre, même par une idée, son groupe parlementaire dont les membres demeurent fidèles à l’homme fort du parti (NDLR Benkirane) et ne bougent le pouce que sur les instructions de ce dernier. Autant dire que le parti majoritaire incarne aujourd’hui une crise qui menace, avec son comportement et ses «étranges» attitudes, l’expérience gouvernementale toute entière. Ce faisant, il impose au pays un contexte politique de plus en plus tendu dont le moindre mal serait l’appel à des élections législatives anticipées avec tous les scenarios qui peuvent en découler.
Il faut un miracle pour qu’El Othmani sauve son gouvernement des tempêtes qui n’ont pas commencé avec le débat sur les langues d’enseignement. Un mauvais temps qui rend la question de confiance et donc l’engagement de la responsabilité de l’Exécutif très important pour évaluer cette étape et s’assurer de la cohésion gouvernementale. Encore faut-il instaurer un bon climat de travail au sein de la coalition gouvernementale, sans l’influence de quiconque et selon un programme d’action approuvé par toutes ses composantes. Autrement, cela relèverait de l’anachronisme que de continuer dans une situation politique délétère qui hypothèque l’action gouvernementale et gèle le traitement les dossiers cruciaux à cause des sautes d’humeur d’un «retraité».
Un homme (NDLR Benkirane) sans aucune responsabilité gouvernementale ou partisane qui s’assoit dans un coin du salon de sa villa en faisant des déclarations qui se transforment chez ses disciples en des textes sacrés. C’est tout simplement l’absurdité politique qui doit cesser pour qu’elle ne se transforme pas en dérision.