Egypte : Le temps des incertitudes

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Après les images de drapeaux égyptiens portés à bout de bras s'étalant à la Une de toute la presse, l'enthousiasme a cédé la place au doute. Partout, les questions foisonnent sur les colonnes des journaux de ce week-end.

Le 05/07/2013 à 20h19, mis à jour le 06/07/2013 à 08h33

"L'Egypte, une révolution bis ou une crise plus grave ?", titre le quotidien arabophone Al khabar daté du 6 juillet. Le journal précise que "ce qui peut s'avérer dangereux dans la destitution d'un président élu par des millions d'électeurs, c'est qu'il y a une forte probabilité que des éléments radicaux au sein des Frères musulmans, même plus encore, que des groupes salafistes y voient la preuve qu'il ne sert à rien de respecter les règles démocratiques".

A l'inverse, l'anthropologue Abdellah Hamoudi, dans une interview à paraître sur le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum, parle "d'erreurs que les Frères musulmans auraient commises et que le monde arabe aurait tort de ne pas en tirer les leçons". Le politologue français Roland Cayrol, dans un entretien publié par l'hebdomadaire Maroc Hebdo, soutient la même idée : "Il est trop tôt pour faire un jugement d'histoire. Mais il est clair "que les islamistes n'ont pas su saisir leur chance".

La presse nationale à paraître ce week-end a bien évidemment fait le parallèle avec le Maroc. L'hebdomadaire Telquel en profite pour attaquer le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. On peut lire dans son édito : "Abdelilah Benkirane est en train de se couper de ses soutiens jour après jour. Et c'est essentiellement de sa faute". Sur cette même question, Roland Cayrol, lui, tempère ses propos et déclare sur Maroc Hebdo que "le Maroc est un cas à part : une monarchie solide, une tradition étatique et une vraie expérience du pluripartisme".

Des citoyens plus exigeants

Un coup d'Etat, une seconde révolution, des erreurs ou des leçons à tirer… Quoi qu'il en soit, ce qui est essentiel à retenir de ces événements en Egypte, c'est que les peuples du monde arabe, en général, et les Egyptiens en particulier, deviennent extrêmement exigeants et impatients. Ce qu'ils veulent, ce sont des actes, des actions immédiates. En témoigne le cas de Mohamed Morsi, qui a voulu faire encore régner la loi du plus fort, en est la parfaite illustration. Morsi n'a pas tenu ses promesses. Les Egyptiens ont réagi sans attendre...

Par Ikram El Ghinaoui
Le 05/07/2013 à 20h19, mis à jour le 06/07/2013 à 08h33