Ahmed Reda Benchemsi a raté une belle occasion de se taire. Il a montré que ses anciennes années au lycée «Al Jabr» à Casablanca, ou encore à la Sorbonne où il a décroché une «maîtrise» en économie, ne lui auront pas servi à grand-chose. C’est ce qui ressort à tout le moins de son passage improbable dans le docu de France3 sur «le règne secret de Mohammed VI», diffusé hier jeudi à 22H20.
Voulant nous édifier sur la fortune de la Société nationale d’investissement, SNI, il s’est plutôt emmêlé les pinceaux en prêtant à la holding royale une contribution au PIB national surréaliste. Admirez le «scoop» : «Le chiffre d’affaires de la SNI est supérieur à 6 milliards d’euros (66 milliards de dirhams !), ce qui représente pour cette unique compagnie 6,5% du PIB du Maroc», a-t-il détonné.
Comment un ancien journaliste aguerri, supposé maîtriser les chiffres et l’économie, peut-il reprendre le chiffre d’affaires d’une société et le confondre avec la valeur totale de la production de richesse qui est le propre du Produit intérieur brut d’un pays ? «Le poids du groupe SNI dans le PIB est de 1.5%», précise à le360 une source dans la holding royale. 1.5% devient 6.5% dans la bouche de ARB. Un chiffre qui peut effectivement paraître énorme dans ce documentaire où les contrevérités et les erreurs foisonnent de toutes parts. A défaut d’être précis ou rigoureux, on lâche de grossières approximations pour frapper les esprits.
Ce que ARB aurait dû dire, au lieu de multiplier quasiment par 5 le poids de la SNI dans le PIB, c’est la contribution de ce groupe aux recettes fiscales du pays. La SNI a représenté 4,3% des recettes fiscales au titre de la loi de finances 2014. Ce qui en fait un acteur clef dans la croissance du pays et la lutte contre les inégalités sociales.
Mais passons. ARB met la rigueur et la vérité entre parenthèses quand il s’agit de jeter des slogans qui desservent le royaume et ses institutions. De deux choses l'une: ou bien il est un menteur éhonté, ou bien c’est un incompétent de bonne foi comme il l’a été dans le verdict du procès en diffamation qui lui a été intenté par le secrétaire particulier du roi, Mounir El Majidi. Dans les deux cas, il est lamentable.