Diplomatie de l’équilibre, la formule gagnante du roi Mohammed VI

Le roi Mohammed VI présidant un Conseil des ministres, lundi 12 mai 2025 au Palais Royal à Rabat.

Le roi Mohammed VI présidant un Conseil des ministres, lundi 12 mai 2025 au Palais Royal à Rabat.

Revue de presseDans une région secouée par les rodomontades belliqueuses et les dérives fanatiques, le roi Mohammed VI se distingue par une diplomatie sobre, pragmatique et efficace, écrit le géopolitologue français Frédéric Encel qui salue une monarchie marocaine misant sur la modération, à rebours des postures ruineuses adoptées par nombre de régimes voisins. Cet article est une revue de presse tirée de L’Express.

Le 26/06/2025 à 19h34

Dans une chronique publiée dans L’Express, l’essayiste et géopolitologue Frédéric Encel salue le choix mesuré du roi du Maroc face à la tentation radicale de certains dirigeants du monde arabo-musulman. Dans une région où les discours enflammés tiennent souvent lieu de politique étrangère, le Maroc fait figure d’exception. «Un État de la zone au moins échappe tout à fait à cette malédiction du fanatisme: le Maroc», écrit Frédéric Encel dans L’Express du 25 juin 2025, louant une diplomatie «mesurée, pondérée, ouverte et, finalement, gagnante» incarnée par le roi Mohammed VI.

Loin des outrances verbales d’une partie des dirigeants du monde arabe et iranien, – allant de «sale petit microbe noir pire qu’un cancer» à «je ferai couler des rivières de sang» –, Encel souligne que ces «postures coûteuses et politiques ultra-répressives» ont plongé leurs pays dans le chaos: Irak, Syrie, Libye, Iran ou encore Soudan. À contre-courant, le Maroc se distingue par une ligne constante de retenue et d’efficacité.

«Nul coup de menton ni logorrhée complotiste, pas de grands effets de manche, le doigt vengeur pointé sur l’ennemi animalisé à éradiquer, mais un discours et une politique frappés au coin de l’équilibre et de la modération», lit-on.

Un exemple phare: les Accords d’Abraham, signés en 2020 avec Israël. Le roi Mohammed VI, tout en assumant cette normalisation des relations diplomatiques, a maintenu une position ferme sur la question palestinienne, rappelant sans relâche la nécessité d’une «solution à deux États». Pour Encel, cette posture n’a rien de contradictoire, bien au contraire.

Roi et commandeur des croyants, descendant du Prophète, le roi Mohammed VI aurait pu suivre la ligne dure du «front du refus». Il a au contraire opté pour une stratégie tournée vers le développement économique, l’ouverture internationale et la stabilité régionale. Un choix qui lui a permis nombre de victoires, notamment diplomatiques.

«Cette tendance à la pondération voulue constructive se retrouve aussi en Afrique de l’Ouest ou encore dans les rapports à l’Occident, avec notamment des choix d’acquisition de services et de matériels à haute valeur ajoutée, civils comme militaires, disparates; à l’instar d’émergents comme l’Inde ou le Vietnam, le Maroc ne s’inféode à personne et ne met pas tous ses œufs dans le même panier», lit-on encore.

Cette logique de modération s’exprime également sur le plan intérieur. En réaction aux attentats islamistes de Casablanca en 2003, le roi ne s’est pas replié mais a, dès 2004, lancé une réforme audacieuse de la Moudawana en faveur des droits des femmes. De même, la Constitution de 2011 a intégré les dimensions culturelles berbère et juive au socle arabo-musulman, acte inédit dans la région.

Quant aux manifestations propalestiniennes au Maroc en 2024, Encel note qu’elles furent «numériquement plus importantes que dans le reste du monde musulman» sans pour autant verser dans l’antisémitisme ni la violence, un comportement qu’il dit envier en France. Frédéric Encel conclut par une maxime de Talleyrand: «Tout ce qui est excessif est négligeable», ajoutant: «Le souverain marocain n’est ni l’un ni l’autre».

Par Imane Idrissi
Le 26/06/2025 à 19h34