Au sein de la #twittoma, il se fait appeler "Le Makhzen". Et il sévit depuis le 3 octobre en balançant des correspondances secrètes ayant trait à la cause du Sahara. Avec des commentaires résolument critiques quant à l’approche marocaine du traitement de ce conflit, l’auteur de ce compte sur Twitter a commencé par balancer des informations à caractère obsolète. C’était là probablement un teasing qui prépare à des révélations plus embarrassantes.
Car ces derniers jours "Le Makhzen" a intensifié son déballage. Pis, il prend des proportions inquiétantes et surtout nuisibles aux actions entreprises pour la défense de notre cause nationale. Des correspondances diplomatiques récentes entre le représentant permanent du Maroc aux Nations unies et sa hiérarchie à Rabat sont rendues publiques. Elles mettent à nue nombre des axes de la stratégie de la diplomatie marocaine qui redouble d’efforts ces temps-ci, en vue de neutraliser les manœuvres du camp adverse. Surtout que le rapport intermédiaire de l’envoyé spécial du SG de l’ONU au Sahara est en cours de finalisation et fera bientôt l’objet de débats dans les instances onusiennes. La fuite de tels documents prive ainsi notre diplomatie de tout effet de surprise et rend publiques ses actions en coulisses, nécessaires dans tout travail de sensibilisation de la communauté internationale.
Les dernières fuites orchestrées, ce dimanche, sur Twitter se rapportent à des correspondances confidentielles entre Omar Hilale, représentant permanent du Maroc aux Nations unies à New York, et Salaheddine Mezouar. Interrogé par le360, une source proche du dossier admet "qu’il s’agit d’une affaire grave", avant de préciser "qu’une enquête a été diligentée par les autorités marocaines". Notre source émet toutefois des doutes sur la véracité des documents rendus publics. "Il faut attendre les résultats de l’enquête en cours", conclut-elle.
La main secrète des services algériens?
Force est de reconnaître que face à l’ampleur que prend ce déballage, de nombreuses questions fusent. Il paraît très peu probable qu’il s’agit là d’une action individuelle d’un compatriote, adepte de la "totale information" à la Julian Assanges. Toutes les révélations se rapportent à un seul sujet: le Sahara marocain. Qui dépense des milliards de dollars par an dans l’espoir de contrer la souveraineté du royaume sur ses territoires du sud? Qui a intérêt à affaiblir la diplomatie marocaine? Le timing et l’approche font pencher la balance vers Alger. La main secrète des services algériens, qui ne ménagent aucun effort pour déstabiliser le royaume, pèse lourdement sur ce dossier. Et pour cause, pirater des câbles diplomatiques classés secrets n’est pas à la portée du premier venu. Cela nécessite des moyens humains et matériels que seuls des services de renseignement structurés sont à même d’obtenir. Cette fuite a d’ailleurs le mérite de dévoiler la vulnérabilité du système de communication "protégé" entre nos représentations diplomatiques étrangères et le département des Affaires étrangères. Un système que nos responsables gagneraient à restructurer de fond en comble. Car si les documents fuités venaient à se révéler authentiques, cela constituerait une défaillance impardonnable.