Ce n’est un secret pour personne. S’il y a un domaine où l’armée algérienne ne fait aucune économie de moyens, c’est pour nuire au Maroc. La raison: le royaume est «l’ennemi classique», comme l’avait décrit il y a quelque temps le chef de l’armée du voisin de l’Est, Saïd Chengriha. Et c’est en adoptant ce même principe qu’une véritable armée a été montée par l’Algérie, une armée de «mouches électroniques» qui pullulent sur les réseaux sociaux avec pour mission de noyer leurs utilisateurs de fake news.
Dans son édition d’octobre, le mensuel Assahifa consacre tout un dossier à cette nouvelle arme déployée par les généraux d’Alger et dont l’objectif est bien clair: noyer les réseaux sociaux de fausses informations sur le Maroc pour influencer l’opinion publique nationale et internationale et faire croire que «l’ennemi» est un pays pauvre et au bord du gouffre. C’est, semble-t-il, le seul moyen trouvé pour contrer les récentes «débâcles» diplomatiques qu’a infligées ces dernières années le royaume à son voisin sur le dossier du Sahara marocain.
Comme l’explique Assahifa dans son enquête, le sujet des «mouches électroniques», et plus globalement de la cyberguerre, est tellement pris au sérieux par les généraux algériens que des officiers ont spécialement été formés pour mener ces attaques. Ils ont été affiliés à la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure et des moyens colossaux ont été mis à leur disposition pour recruter des influenceurs, des journalistes et des administrateurs de pages populaires sur les réseaux sociaux, algériens ou d’autres nationalités arabes, afin d’orienter l’opinion publique. Dans plusieurs cas, rapporte la même source, ces «mouches électroniques» n’hésitent pas à utiliser des noms et des surnoms marocains, ceci bien entendu pour donner de la crédibilité à leurs fake news.
Le mensuel fait, par ailleurs, remarquer que cette guerre électronique a réellement pris de l’ampleur en 2020, après les événements d’El Guergarate. Ces derniers ont, d’ailleurs, eu lieu un an après la «prise de pouvoir» de Saïd Chengriha, qui succédait à Ahmed Gaïd Salah à la tête de l’armée algérienne, et qui est présenté comme l’instigateur de cette cyberguerre.
Depuis ce jour, les médias officiels n’ont plus suffi aux généraux algériens. Il leur fallait des «armes» plus redoutables, qui s’appuieraient sur les opportunités qu’offrent les réseaux sociaux en matière d’influence pour tenter d’atteindre l’objectif tracé. C’est là que l’armée des «mouches» s’est considérablement renforcée.
Ses membres s’y connaissent sur tous les sujets, de la cuisine aux habits traditionnels en passant par le sport, la politique et l’économie. La ligne éditoriale est la même, qu’il s’agisse de vidéos, de photos ou de simples commentaires: tout ce qui peut nuire au Maroc et faire croire que le royaume est asphyxié par toutes les crises possibles est bon à prendre.
Dans son enquête, Assahifa cite des exemples de cette haine qu tourne souvent au ridicule. C’est par exemple le cas de cette chaîne Youtube qui a diffusé un match du Maroc lors du mondial de Futsal. L’opportunité semblait trop belle pour les mouches électroniques qui ont envahi le chat de cette chaine pour proférer insultes, diffamation et fake news sur leur ennemi préféré. Les sujets abordés étaient tellement loin du contexte sportif de l’événement que les commentaires semblaient venir d’une autre planète, d’un autre temps.
Dans un autre exemple, le journal revient sur les derniers événements de Fnideq –qui d’ailleurs ont fait suite à des appels sur les réseaux sociaux émanant de sources non encore clairement identifiées- et qui ont fait les choux gras de l’armée des mouches. Ces dernières se sont vite emparées du sujet pour tenter de faire croire à une implosion du Maroc. Sur les publications postées en marge des événements, on peut lire que «les Marocains fuient en masse le pays» et que la «chute» du royaume a débuté, prenant pour preuve des images et des vidéos des événements de Fnideq.
Toutes les occasions sont bonnes pour déverser la haine contre le voisin de l’ouest. Mais comme le rappelle le mensuel, les utilisateurs des réseaux sociaux ont désormais l’habitude de ces pratiques. Et pour beaucoup, elles sont même devenues une source de distraction, tant elles sont caricaturales, sur le fond comme sur la forme.