Dans le discours du trône, le roi Mohammed VI avait appelé le gouvernement à reprendre le dialogue social quelle qu’en soit l’issue. Les centrales syndicales ont saisi l’occasion pour faire des reproches à l’Exécutif tout en lui demandant de revenir à la table des négociations.
Le gouvernement semble avoir mal encaissé ces récriminations. Il est sorti de son silence par le biais d’Abdelhak El Arabi, conseiller du chef du gouvernement chargé du dossier social: «Le gouvernement n’a jamais été à l’origine de l’interruption du dialogue social. Bien au contraire, ce sont les syndicats qui ont demandé de le suspendre jusqu’au mois de septembre pour que sa reprise coïncide avec la rentrée politique et la présentation du projet de la loi de finances 2019. C’est sur la base de cette requête syndicale que l’Exécutif a accepté de reporter les négociations jusqu’à la date précitée».
Notre confrère Al Akhbar reprend, dans son édition du samedi 11 août, les propos d’Abdelhak El Arabi publiés sur le site du PJD: «Le gouvernement n’a jamais rompu les négociations et il ne le fera pas dans l’avenir précisant que lors du dialogue marathonien de mars et d’avril, le désaccord a opposé les syndicats au patronat et non pas le gouvernement aux centrales syndicales.» Et d’ajouter que le patronat considère comme prioritaires certains points relatifs à la législation du travail alors que les syndicats estiment qu’ils sont la ligne rouge à ne pas dépasser.
La reprise du dialogue social est prévue pour le mois de septembre, a confirmé El Arabi, en précisant toutefois que «Saad-Eddine El Othmani a affirmé devant le parlement que le gouvernement s’engage à appliquer une partie de l’offre qu’il a faite, même s’il n’arrive pas à trouver un accord avec les partenaires sociaux comme c’est le cas pour l’augmentation des allocations familiales et de la prime de naissance».
Des propositions qui ont été annoncées par le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, mais qui ont été rejetées par les syndicats. Ces derniers accusent le gouvernement de chercher à les mettre devant le fait accompli en prenant des décisions sans se concerter avec les partenaires sociaux.
Ce faisant, les syndicats ont été prompts à répondre au gouvernement. Non seulement ils rejettent les accusations portées contre eux, mais ils lui ont adressé des lettres dans lesquelles ils lui demandent de revenir à la table des négociations en respectant les instructions royales sur la nécessité de la continuité du dialogue social quelle qu’en soit son issue.
L’Organisation démocratique du travail(ODT) a, dans la lettre qu’il a adressée à Saad-Eddine El Othmani, appelé tous les partenaires sociaux à «prendre leurs responsabilités pour dépasser les crises socioéconomiques et engager un véritable dialogue sur les politiques publiques afin d’arriver à un consensus sur les sujets de développement économique, social et culturel».
Et l’ODT de poursuivre: «Nous devons éluder toute récupération politique et éviter toute velléité d’exclusion afin de faire parvenir aux responsables politiques les voix de toutes les organisations représentant la société civile, les milieux économique et culturel». La lettre précise, toutefois, qu’il faut commencer par les centrales syndicales, qu’elles soient des travailleurs ou des retraités, ainsi que par des associations de la société civile représentant les chômeurs lauréats des facultés.