Des députés accusent le gouvernement de servir les intérêts des compagnies de tabac

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Revue de presseÀ la suite d’une réunion de la Commission de la justice et de la législation, des députés ont vivement critiqué le gouvernement pour son refus d’adopter de nouvelles propositions concernant les décrets d’application interdisant le tabac dans les lieux publics. Cette revue de presse est tirée d’un article d’Assabah.

Le 22/05/2025 à 18h43

Les lobbies des compagnies de tabac ont réussi à vaincre à la fois le gouvernement et le Parlement, en bloquant depuis 34 ans la promulgation des décrets d’application interdisant de fumer dans les lieux publics. Malgré le passage de dizaines de ministres à la tête des départements concernés à travers neuf gouvernements successifs, ces textes n’ont toujours pas été promulgués.

C’est ce que fait remarquer Assabah dans son édition du vendredi 23 mai, faisant état d’un nouvel épisode dans ce dossier. Le gouvernement a en effet rejeté les dernières propositions émanant aussi bien de l’opposition que de la majorité lors d’une réunion de la Commission de la justice et de la législation à la Chambre des représentants, tenue mercredi.

Ce refus, rapporte le quotidien, a provoqué une vive réaction, les parlementaires dénonçant l’inaction de l’Exécutif. Ils accusent ce dernier de servir les intérêts des compagnies de tabac, lesquelles auraient exercé des pressions sur tous les gouvernements qui se sont succédé ces dernières années, y compris ceux dirigés par le PJD. C’est en tous les cas ce qu’explique Mustapha Ibrahimi, membre de ce parti, et également médecin.

Le député a qualifié, dans des propos relayés par Assabah, les compagnies de tabac de véritables «groupes de pression criminels», responsables de nombreuses morts parmi les Marocains, en généralisant la vente de cigarettes sur l’ensemble du territoire national.

Pendant ce temps, souligne la même source, l’Europe adopte des mesures de plus en plus strictes pour réduire le nombre de fumeurs, comme l’interdiction de fumer dans les espaces publics, l’éloignement des zones fumeurs, ou encore l’imposition d’amendes lourdes aux contrevenants.

Assabah précise que les députés de la majorité comme de l’opposition ont appuyé la position de Mustapha Ibrahimi, y compris Saâd Benmbarek du RNI. Tout en exprimant quelques divergences avec les interventions de l’opposition, il a aussi rappelé que jeter un mégot par terre en Europe pouvait coûter une amende de 100 euros.

De son côté, Saïd Baaziz, député du groupe socialiste et président de la Commission de la justice et de la législation, a insisté sur l’urgence de publier les décrets d’application pour protéger les citoyens, y compris les non-fumeurs, qui développent des maladies graves après avoir inhalé involontairement la fumée dans les lieux publics.

Assabah rapporte que Said Baaziz a regretté le refus du gouvernement de prendre en compte les propositions de loi des parlementaires, qui représentent pourtant la volonté populaire et cherchent à amender la législation pour lutter contre les nombreuses maladies liées au tabagisme.

Comme l’explique le journal, les compagnies de tabac génèrent aujourd’hui plus de 30 milliards de dirhams de revenus grâce à la vente de cigarettes classiques, selon des données qui ont circulé parmi les parlementaires. Ce chiffre ne tiendrait même pas compte des revenus issus des cigarettes électroniques et du narguilé.

Dans le même temps, ajoute le quotidien, le tabac est responsable de 8% des décès au Maroc, dont 75% du cancer du poumon, et 10% de maladies respiratoires. La consommation de narguilé, quant à elle, équivaudrait à l’inhalation de la nicotine contenue dans 70 cigarettes, en raison de la présence de substances toxiques, de métaux lourds et de produits chimiques cancérigènes provoquant la tuberculose, l’hépatite virale et l’herpès.

Toujours d’après Assabah, les députés ont également dénoncé la vente de cigarettes à l’unité aux enfants à proximité des écoles, ainsi que la promotion des cigarettes électroniques. Plusieurs d’entre eux ont fustigé ces pratiques, et ont rappelé au gouvernement que la loi interdit déjà la vente de cigarettes à l’unité, et à plus forte raison la commercialisation de cigarettes électroniques auprès d’enfants. Ces derniers seraient, selon eux, condamnés à une mort certaine si rien n’est fait.

Par Fayza Senhaji
Le 22/05/2025 à 18h43