Le style c’est l’homme, disait feu Hassan II. Et derrière chaque style et look d’un roi, se cache bien un couturier. Al Akhbar zoome sur les différents couturiers qui ont habillé feus Mohammed V et Hassan II et nous renseigne dans son édition du week-end sur les couturiers auxquels s’est intéressé le roi Mohammed VI.
Le quotidien commence par évoquer Albert Sasson, le petit fils du couturier des six rois et auteur du livre les “Couturiers du Sultan”. Ce livre inspiré par une servante juive appelée Massouda raconte l’évolution d’une famille juive marocaine, entre 1877 et 1999, dont plusieurs membres ont exercé le métier de couturier à la cour de six sultans et rois de la dynastie alaouite.
Al Akhbar rapporte que la famille Sasson s’est installée à Tafilalet et à l’époque du règne de Hassan 1er ce dernier a nommé Abraham Sasson couturier du palais perpétuant ainsi une tradition héritée de ses ancêtres. «Quand Mohammed V a pris le pouvoir, cette mission a été confiée à la belle famille des Sasson, les Botbol, après le décès de Abraham Sasson», écrit Al Akhbar. Les Botbol garderont une relation particulière avec le palais, laquelle relation s’intensifiera quand Hassan II accède au trône.
Le père Botbol qui a officié pour Mohammed V décède et c’est son fils Rafael qui a pris sa place et fera briller le nom de sa famille. Il s’occupera à merveille de la confection des habits dont les tissus proviennent d’Indonésie, de Malaisie ou encore de Grande-Bretagne. La relation entre Rafael et Hassan II est telle que le souverain s’est adressé à la famille Botbol lors du décès de Rafael en leur disant: «Vous avez perdu un père et un mari, mais moi j’ai perdu un frère». Le titre couturier du palais restera dans le giron des familles juives jusqu’à ce que Hassan II fasse la rencontre d’un couturier italien.
Il s’agit du célèbre couturier Francesco Smalto auquel le défunt monarque a réservé un salaire généreux. Il avait commencé à concevoir les costumes du roi après avoir pris ses mesures une fois seulement. C’est ce qui a poussé Hassan II à lui faire la remarque et l’appeler à prendre ses mesures à chaque fois que cela était nécessaire. Le quotidien ajoute que Hassan II était très méticuleux, avait des remarques précises et posait souvent des questions à propos de tous les détails. «Les remarques de Hassan II me poussaient à chercher une interprétation pour chaque touche artistique. J’ai habillé des célébrités et de grands leaders sans jamais recevoir de remarques aussi précises que celles que j’ai eues en présence de Hassan II» a déclaré Francesco Smalto de son vivant. Le couturier raconte également que le défunt monarque lui avait demandé une fois de créer un habit qui unifierait les Arabes et satisferait les goûts des leaders. Smalto s’est donc isolé à Marrakech à l’hôtel de La Mamounia pour accomplir cette mission. C’est d’ailleurs à la Mamounia que le couturier préféré de Hassan II a trouvé la mort lors de son sommeil en avril 2015.
Mais quand Hassan II n’était pas habillé en costume signé Smalto ou Alain Stark, il pouvait porter des Jellaba cousues par Ba Saleh, Fhima ou encore Abderrazak. En effet, Al Akhbar rapporte que le couturier Ba Saleh avait un intérêt particulier pour l’habit traditionnel Albzioui du temps de Mohammed V. Il a gardé cet intérêt tout au long de sa carrière jusqu’à passer la main à Fhima. Ce dernier était connu pour être le “couturier du palais” puisque les envoyés spéciaux du palais allaient souvent le voir à son atelier à l’ancienne médina de Rabat.
D’ailleurs, Al Akhbar rapporte qu’une fois les messagers du palais sont allés le voir pour l’informer que Hassan II l’attendait à 20 h. Ne le trouvant pas à son atelier, ils laissent la consigne à son apprenti Abderrazak qui ne transmet pas la bonne information à son maître. Fhima rate son audience avec le roi, ce qui lui vaut une colère royale et c’est son apprenti qui devient le nouveau couturier du palais.
Le dossier réalisé par Al Akhbar s’intéresse également au roi Mohammed VI en expliquant comment le souverain a décoré Pierre Bergé, ancien compagnon du couturier Yves Saint-Laurent du Grand Cordon du Wissam Alaouite. Bergé et Yves Saint-Laurent avaient acquis en 1980 le jardin Majorelle et sa villa à Marrakech, les sauvant d’une destruction. Par ailleurs, la visite rendue par Mohammed VI à l’atelier du Burkinabé Pathé‘O, célèbre créateur qui concevait les chemises de Nelson Mandela, n’est pas passée inaperçue. Pathe’O, de son vrai nom Pathé Ouédraogo, a quitté le Burkina Faso, son pays natal, pour s’installer au niveau de la capitale ivoirienne devant l’une des plus importantes griffes africaines. Il a conçu pour Mohammed VI la veste aux couleurs africaines qu’il portait sur le cliché qui a fait récemment le buzz sur la toile.