Des camionneurs sahraouis des camps de Tindouf, soutenus par les populations locales, bloquent depuis dimanche dernier toutes les routes menant au camp Rabbouni. Ce camp abrite aussi le quartier général du front Polisario. Ce blocage intervient en guise de protestation contre la saisie, le 18 novembre dernier, par les services des douanes algériennes de Tindouf, d'un camion transportant des marchandises appartenant à un commerçant sahraoui, bien qu'il dispose des autorisations nécessaires, selon les manifestants.
Face aux vives protestations des commerçants sahraouis contre ce qu’ils qualifient de «nouveaux harcèlements algériens», le soi-disant ministre du commerce de la pseudo-Rasd, Mohamed Mostapha Telmidi, n'a rien trouvé de mieux que de renvoyer les camionneurs en colère vers Brahim Ahmed Mahmoud, le prétendu secrétaire d'Etat chargé de la Documentation et de la sécurité, «seul habilité à intervenir auprès des services algériens des douanes pour remettre le camion à son propriétaire».
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Face à l’incurie manifeste des dirigeants du Polisario, qui ne peuvent même pas intercéder auprès de simples agents de la douane algérienne au profit des leurs, les commerçants sahraouis sont immédiatement passés à l’action pour exprimer leur ras-le-bol. Ce sont d’abord tous les accès menant vers les sièges des administrations du Polisario qui ont été bloqués par les manifestants. Le même sort a été réservé à la principale route traversant dans toute sa longueur le camp de Rabbouni et reliant la ville de Tindouf au site minier de Gharet Jbilet. Cette route a été totalement paralysée, obligeant les miliciens du Polisario à intervenir pour ouvrir manu militari une brèche dans le remblai servant de barrière encerclant le camp précité, et dégager ainsi la voie aux voitures légères, surtout celles appartenant aux Algériens.
Pour leur part, les commerçants sahraouis ont affirmé que ce «n’est pas la première fois que les autorités algériennes les provoquent de la sorte, mais que la saisie récente de leur camion n’est qu’un nouvel épisode d’une longue série qui s’étend sur plusieurs mois.»
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Selon certaines sources, au sein même des commerçants sahraouis, les autorités algériennes viennent d’interdire toute importation de marchandises de Tindouf vers Rabbouni, et vice-versa. Pour rappel, les camionneurs sahraouis écoulent des produits de l’aide alimentaire internationale à Tindouf, et achètent d’autres produits qu’ils revendent à Rabbouni.
Pour comprendre ce semblant d’imbroglio: disons que les douanes algériennes comptent capitaliser sur l’arrêt du trafic de l’aide alimentaire détournée en direction du nord de la Mauritanie, pour instaurer un droit de douane sur les Sahraouis qui commercent, désormais, entre deux localités… algériennes.