Corruption: quand les failles du contrôle ouvrent la voie aux scandales

A quoi servent réellement les comités d’inspection, censés contrôler la gestion des affaires publiques et l’usage de l’argent du contribuable?. ©utah778 - stock.adobe.com

Revue de presseMalgré la présence d’institutions de contrôle dotées de vastes pouvoirs, les scandales de corruption et de mauvaise gestion continuent de faire surface au Maroc. Ces affaires sont souvent révélées par des enregistrements privés, des enquêtes journalistiques ou des actions citoyennes. Cette situation soulève des questions sur l’efficacité des organismes censés assurer la transparence de la gestion publique. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 19/09/2025 à 21h04

Il aura suffi d’enregistrements privés, révélés dans le cadre d’un conflit conjugal impliquant un magistrat controversé, pour mettre au jour un vaste réseau de trafic de jugements. De même, sans enquêtes journalistiques, les manipulations de plans d’urbanisme par de hauts responsables et les fortunes engrangées dans l’ombre n’auraient sans doute jamais été dévoilées. Et sans protestations citoyennes, qui aurait révélé les dysfonctionnements criants?

Les affaires d’enrichissement illégal et de détournement de fonds publics, elles, émergent souvent à la faveur de querelles internes autour du partage du butin, s’indigne ainsi le quotidien Al Akhbar dans un éditorial publié dans l’édition du samedi-dimanche 20 et 21 septembre.

Ces exemples soulèvent une question majeure: à quoi servent réellement les comités d’inspection, censés contrôler la gestion des affaires publiques et l’usage de l’argent du contribuable?

En théorie, ces organes disposent de tous les moyens nécessaires: accès à l’information, droit d’interroger les services concernés, latitude pour enquêter à la source. En pratique, leurs rapports restent rares et superficiels. Pire, lorsqu’un scandale éclate, on découvre qu’il existait déjà plusieurs plaintes ou signalements restés sans suite, lit-on.

Cette carence nourrit un dangereux glissement, celui du passage d’une surveillance institutionnelle vers une «inspection» improvisée menée par les réseaux sociaux. Or, si ces plateformes peuvent parfois révéler des abus, elles s’avèrent aussi le terrain des manipulations, des campagnes orchestrées et des règlements de comptes.

La seule issue crédible reste donc le renforcement d’un contrôle officiel, rigoureux et indépendant, y compris à travers la mise en cause de comités d’inspection eux-mêmes lorsqu’ils échouent ou se montrent complices des infractions constatées.

Au lieu d’appliquer de véritables sanctions, certaines institutions se contentent d’écarter un responsable de son poste, même après des fautes avérées dans la gestion de fonds publics. Un «privilège» qui entretient l’impunité et en encourage d’autres à profiter de leurs fonctions comme d’une rente.

Pourtant, il n’est pas trop tard, écrit Al Akhbar. La correction des dérives est toujours possible, à condition de privilégier la rapidité et l’efficacité dans le traitement des rapports d’inspection. Cela implique de moderniser les méthodes de contrôle, de les adapter aux mutations sociales, économiques et politiques, et de garantir que chaque responsable sache qu’il aura à rendre des comptes.

Le décalage entre la profusion de rapports officiels proclamant la lutte contre la corruption et l’ampleur réelle du phénomène est alarmant. Dans les faits, les scandales éclatent rarement grâce à une vigilance institutionnelle, mais presque toujours à travers des fuites, des rivalités internes, des mobilisations sociales ou le travail de journalistes. Une réalité qui souligne l’urgence de redonner tout son sens et toute sa crédibilité au contrôle public.

Par La Rédaction
Le 19/09/2025 à 21h04