Coronavirus: Etat d'urgence sanitaire, confinement obligatoire de la population au Maroc

Les grandes artères de Casablanca sont vides, une conséquence du confinement de ses habitants, mesure de précaution pour éviter la propagation de cas de Covid-19. 

Les grandes artères de Casablanca sont vides, une conséquence du confinement de ses habitants, mesure de précaution pour éviter la propagation de cas de Covid-19.  . MAP

Face à l'évolution du coronavirus du Covid-19 au pays, le Maroc décrète l'état d'urgence sanitaire et le confinement obligatoire de la population et ce, à partir de demain vendredi à partir de 18h.

Le 20/03/2020 à 05h30

L'appel du gouvernement, le mercredi 18 mars, aux citoyens à limiter leurs déplacements et à se conformer à l'isolement sanitaire dans leur domicile sonnait comme la dernière mesure avant le décret par les autorités publiques du confinement obligatoire. C'est désormais chose faite. Les Marocains doivent rester chez eux. Le Maroc décrète l'état d'urgence sanitaire et le confinement obligatoire de la population et ce, à partir de demain vendredi à partir de 18h.

Voici le texte intégral du communiqué du ministère de l’intérieur

«Afin de préserver la santé et la sécurité de la société marocaine et dans un esprit de responsabilité et de solidarité nationale et après la constatation de la contamination de citoyens résidant au Maroc par le nouveau coronavirus, il a été décidé de déclarer "l’Etat d’urgence sanitaire" et la restriction de la circulation à partir de vendredi à 18h00 et jusqu’à nouvel ordre, comme seul moyen inévitable pour garder le coronavirus sous contrôle, indique jeudi un communiqué du ministère de l’Intérieur.

L’Etat d’urgence sanitaire, explique le ministère, ne signifie pas l’arrêt de l’activité économique, mais la prise de mesures exceptionnelles imposant la limitation du mouvement des citoyens, ajoutant que le fait de quitter le domicile sera conditionné par l’obtention d’un document officiel auprès des agents d’autorité, selon les conditions suivantes :

- Se rendre au travail pour les administrations et les établissements ouverts, dont les sociétés, les usines, les travaux agricoles, les locaux et espaces de commerce en rapport avec la vie quotidienne du citoyen, les pharmacies, les secteurs bancaire et financier, les stations d’approvisionnement en hydrocarbures, les cliniques et cabinets médicaux, les agences des sociétés de télécommunications, les professions libérales indispensables et les locaux de vente des produits d’hygiène.

A ce propos, le déplacement sera autorisé uniquement pour les personnes dont la présence sur le lieu de travail est nécessaire et sera conditionné par la délivrance d’une attestation dûment signée et cachetée par leurs supérieurs au travail, insiste le communiqué du ministère de l’Intérieur.

- Le déplacement pour l’approvisionnement en produits nécessaires à la vie quotidienne dans le périmètre du lieu de résidence, ou pour recevoir les soins nécessaires ou pour se procurer les médicaments auprès des pharmacies, poursuit la même source, mettant en garde que toute citoyenne et tout citoyen est tenu de se conformer à ces mesures obligatoires sous peine de sanctions prévues dans le Code pénal.

Dans ce cadre, les autorités locales et les Forces publiques, Sûreté nationale, Gendarmerie Royale et Forces Auxiliaires, vont veiller à l’application des mesures de contrôle avec fermeté et responsabilité à l’encontre de toute personne se trouvant sur la voie publique, souligne le communiqué.

Le ministère de l’Intérieur, conscient de l’importance de conjuguer les efforts de tous, insiste sur la responsabilité de tout citoyen dans la protection de sa famille et de sa société en veillant au respect par tous des mesures préventives et des règles d'hygiène pour circonscrire le virus.

Les autorités publiques affirment que tous les moyens nécessaires sont réunis pour réussir la mise en œuvre de ces décisions, tout en rassurant, à nouveau, le citoyen qu’elles ont pris toutes les mesures pour préserver, à des niveaux suffisants, l’approvisionnement en produits alimentaires, en médicaments et tous les produits vitaux et pour répondre aux besoins de la vie quotidienne des citoyennes et des citoyens.»

Pour rappel, plusieurs mesures annonçaient la décision de confinement. Mardi 17 mars, le roi Mohammed VI a présidé une séance de travail à Casablanca, consacrée au suivi de la gestion de la propagation de la pandémie du coronavirus dans notre pays, et à la poursuite de la prise de mesures pour faire face à toute évolution de la propagation de ce virus.

Le souverain, Chef Suprême et Chef d'état-major général des Forces armées royales, a donné ses hautes instructions à l'Inspecteur général des FAR, pour installer des structures de santé équipées, dont la création avait auparavant été ordonnée par le souverain dans les différentes régions du Royaume dans cet objectif, à la disposition du système sanitaire dans toutes ses composantes, en cas de besoin.

Le roi a, de plus, donné ses hautes instructions au chef du gouvernement et à tous les départements concernés pour prendre toutes les mesures nécessaires, et se préparer à une nouvelle étape en cas de nécessité.

Rappelons que roi Mohammed VI avait auparavant ordonné au gouvernement de procéder à la création immédiate d’un fonds, préalablement doté de 10 milliards de dirhams, dédié à la gestion de la pandémie du coronavirus. Ce montant a, depuis, pratiquement doublé.

L’élan de solidarité pour l’alimentation de ce fonds a permis de récolter à hier, mercredi 18 mars, plus de 18 milliards de dirhams. Tout porte à croire que cette somme sera revue à la hausse dans les prochains jours, tant le sens des responsabilités prime pour affronter les conséquences de la pandémie.

Derniers donateurs en date, le pôle DGSN-DGST (40 millions de dirhams), la Marocaine des jeux et des sports (100 millions de dirhams), l'Office national des aéroports (ONDA, à raison de 200 millions de dirhams), le groupe Cosumar (100 millions de dirhams) ainsi que la famille Bouaida (Petrom), qui a offert 100 millions de dirhams au Fonds, précédée par le groupe Tanger Med, qui a fait don de 300 millions de dirhams.

La Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie ont également annoncé des dons respectifs de 1 milliard de dirhams à ce Fonds. Comptons également 200 millions de dirhams, accordés par le Groupe Crédit agricole du Maroc et 150 millions de dirhams par CIH Bank.

Rappelons que, sur instructions royales, le groupe Al Mada a décidé d’accorder une contribution financière au Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Covid-19, sous la forme d’un don de 2 milliards de dirhams. Le groupe OCP a contribué pour sa part par un don de 3 milliards de dirhams. Bank of Africa, Afriquia, filiale du groupe Akwa, et le Groupe Banque Populaire ont fait don de 1 milliard de dirhams chacun. Anas Sefrioui (groupe Addoha) a, lui, fait don de 200 millions de dirhams, entre autres dirigeants et institutions de premier plan, étatiques et privées.`

Rappelons également que le premier cas testé positif au Covid-19 au Maroc avait été annoncé le 2 mars 2020 à Casablanca. Depuis cette date, le ministère de la Santé informe, à intervalles réguliers, les autres cas de personnes contaminées par le coronavirus.

Pour enrayer la propagation de ce virus, le gouvernement a pris plusieurs mesures draconiennes.

Après avoir interdit les liaisons aériennes à destination et en provenance des pays les plus touchés par le coronavirus, le Maroc a décidé, dimanche 15 mars dernier, de suspendre, jusqu'à nouvel ordre, tous les vols internationaux. Le Maroc a ainsi fermé ainsi ses frontières au trafic aérien international de passagers.

Le ministère des Habous et des Affaires islamiques a également annoncé, mercredi 11 mars, l’annulation de l'ensemble des moussems religieux, quelle que soit l’ampleur de leurs rassemblements.

Le 13 mars, le gouvernement a annoncé que les cours seront suspendus à partir du lundi 16 mars, jusqu’à nouvel ordre dans l'ensemble des établissements d’enseignement, de formation professionnelle et des universités, en vue d’endiguer la pandémie. Les crèches sont également concernées par cette mesure.

Le ministère de l’Intérieur a interdit, jusqu’à nouvel ordre, tous les rassemblements publics auxquels peuvent prendre part plus de 50 personnes. Les cinémas, musées, salles de spectacle ont été fermés. Les grands festivals de musique, tels que Mawazine à Rabat, et Timitar à Agadir, sont annulés.

Le même département a ordonné, lundi 16 mars, la fermeture de tous les cafés, restaurants, salles de fêtes, cinéma, théâtres, salles de sport, salles de jeux et terrains de sports de proximité, jusqu'à nouvel ordre, des mesures qui visent à enrayer la propagation du coronavirus.

Le même lundi 16 mars, une décision importante a été prise. En réponse à une demande de Fatwa adressée par le roi du Maroc, Amir Al-Mouminine, au Conseil supérieur des Oulémas, cette instance chargée des Fatwa dans le royaume a recommandé la fermeture des mosquées. Les portes des mosquées seront donc fermées aux fidèles jusqu’à nouvel ordre, tant pour les cinq prières quotidiennes que pour la prière du vendredi.

Mercredi 19 mars, le gouvernement a appelé les citoyens à limiter leurs déplacements et à se conformer à l’isolement sanitaire dans leur domicile. Cet appel sonne comme la dernière mesure, avant le décret par les autorités publiques du confinement obligatoire. C’est désormais chose faite. Le confinement forcé est désormais le seul mot d’ordre.

Par Tarik Qattab
Le 20/03/2020 à 05h30