A moins d'un mois du discours très critique du roi Mohammed VI envers la politique du gouvernement en matière d'enseignement, le cabinet de Benkirane s'est empressé de préparer le projet organisationnel du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique en remplacement du Conseil supérieur de l'enseignement créé en 2006.
Selon l’édition du journal Akhbar Al Yaoum à paraître ce jeudi 19 septembre, l'article 8 dudit projet évoque la légitimité attribuant au roi le pouvoir de nommer pour un mandat de cinq ans renouvelables le président de ce Conseil. Le chef du gouvernement a donc la possibilité de céder la responsabilité de cette nomination au souverain, affirme Akhbar Al Yaoum. Et d'ajouter que le texte accorde également le droit à l'institution royale de nommer 12 experts parmi les 72 membres composant ce Conseil.
Le chef du gouvernent a, de son côté et selon ce quotidien, uniquement conservé une « autorité symbolique » lui permettant d'émettre un avis quant à la nomination d'un secrétaire général, soit quant à la seconde personnalité chargée de gérer ce Conseil.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribyia, quant à lui, affirme que ce "projet a limité la mission et les attributions du Conseil. Il est appelé à émettre un avis sur tous les sujets que lui soumet le roi concernant le système de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique". Citant le projet de texte organisationnel, le journal estime que le Conseil devra en outre "entreprendre lui-même ou à la demande de toute autorité gouvernementale des recherches et des études sur des projets en rapport avec le système de l'éducation ».
Une occasion en or à pour Benkirane
La mise en place de ce Conseil est une aubaine pour le gouvernement en ceci qu’on lui reproche de ne pas s'être arrêté sur un plan d'urgence qui n'a pas donné tous les résultats escomptés. Bien accueilli, ce plan avait été activé sous le gouvernement de Abbas El Fassi avant d’être mis en "veilleuse" sous le cabinet de Benkirane. Ses ambitions avaient pourtant été saluées, notamment par l'Union européenne et des bailleurs de fonds internationaux. L'Etat et ses partenaires y ont d’ailleurs injecté 20 milliards de dirhams en espérant voir décoller ce secteur de l'enseignement qui est le grand pilier sur lequel repose l’avenir et la grandeur d’une nation. Ce gouvernement et le Conseil supérieur nouvellement créé doivent tirer les enseignements de cette déception. Un véritable questionnement ne peut être qu’un cheminement, pour le nouveau conseil, vers l’apport d’une réponse et donc d’une solution pertinente.