Conflit entre le gouvernement et l’instance anti-corruption: ce qu’il en est vraiment

Mohamed Bachir Rachdi, président de l'Instance nationale de la probité de la prévention et de la lutte contre la corruption.

Mohamed Bachir Rachdi, président de l'Instance nationale de la probité de la prévention et de la lutte contre la corruption. . DR

Revue de presseAlors que la polémique enfle depuis quelques jours sur l’estimation du coût de la corruption faite par l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption, son président apporte des éclaircissements mais nie tout conflit avec le gouvernement. Cette revue de presse est tirée d’un article d’Assabah.

Le 19/12/2024 à 19h12

Le président de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) le soutient: la lutte contre la corruption entre dans une nouvelle ère, marquée par une coordination parfaite entre l’institution qu’il préside et l’ensemble des autorités gouvernementales, législatives, judiciaires et constitutionnelles. Mohamed Bachir Rachdi assure en outre que le dernier rapport de l’INPPLC ne cible en aucune manière le gouvernement ou de hauts responsables de façon spécifique.

Ces précisions ont été apportées lors d’un entretien à paraître prochainement dans Assabah, qui en donne un avant-goût dans son édition du vendredi 20 décembre. Cette prise de parole intervient dans un contexte particulier, marqué par la polémique qui a éclaté quand le ministre chargé du Budget a répondu à des critiques lancées par des députés de l’opposition, en s’appuyant sur les données de ce rapport. En effet, face à des accusations selon lesquelles le gouvernement consacrait moins de moyens aux dispositifs sociaux que ce que coûterait la corruption au pays (estimée à 50 milliards de dirhams), Fouzi Lekjaâ avait alors rétorqué que ces données, issues de l’INPPLC, méritaient d’être clarifiées. Certains y ont vu un signe de tension entre le gouvernement et l’institution, mais son président rejette catégoriquement cette idée.

Selon Mohamed Bachir Rachdi, il n’existe aucun conflit avec l’Exécutif. Il s’étonne même de la polémique, expliquant que le chiffre de 50 milliard avancé est une estimation basée sur des données crédibles et scientifiques.

Assabah rapporte d’autres données révélées par le président de l’INPPLC, notamment sur le nombre de plaintes reçues par l’Instance. Depuis qu’elle a commencé à transmettre des affaires au parquet, l’INPPLC a reçu plus de 250 plaintes et dénonciations spontanées. Ces dernières sont encore à l’étude et n’ont pas été transmises au ministère public.

Par ailleurs, Mohamed Bachir Rachdi indique que le noyau d’un nouvel organe d’investigation a été constitué au sein de l’INPPLC. Cela s’inscrit dans le cadre des nouvelles mesures entreprises pour renforcer la lutte contre la corruption. Des compétences provenant de divers établissements ont été recrutées à cet effet, notamment des agents de la police judiciaire, des officiers de la Direction générale de la surveillance du territoire, ainsi que des magistrats auprès de la Cour des comptes.

Le président souligne également que l’INPPLC est désormais en mesure de distinguer les plaintes sérieuses de celles qui ne justifient pas d’investigations approfondies. Dès que des preuves suffisantes sont réunies, les dossiers sont transmis au parquet pour que les mesures judiciaires appropriées soient prises.

Par Fayza Senhaji
Le 19/12/2024 à 19h12