Communales 2015: Cafouillage gouvernemental?

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Revue de presseKiosque360. Face à l’immense chantier électoral qui l’attend, le gouvernement Benkirane donnerait des signes de tergiversations. L’opposition fourbit ses armes.

Le 16/09/2014 à 06h43

Va-t-il respecter, finalement, le calendrier électoral de 2015, comme il l’avait promis du haut de son strapontin de Chef de gouvernement? Ne se dirigera-t-il pas vers un report de cette échéance électorale, supposée se tenir conformément au nouvel esprit constitutionnel? Rien n’est moins sûr. La tendance serait plutôt au "cafouillage", selon Al Akhbar qui revient, dans sa livraison de ce mardi 16 septembre, sur le dernier séminaire gouvernemental tenu à Ifrane. A l’approche des communales, prévues en juin 2015, seulement quatre projets de lois électorales auront été "délivrés", relève le quotidien qui enfonce ce clou : ces projets auront de beaux jours devant eux avant de parvenir au Secrétariat général du gouvernement (SGG), être adoptés en conseil de gouvernement et puis en conseil des ministres. Il s’agit du projet de loi organique sur les régions, du projet de loi organique relatif à l’Instance électorale et à la révision des listes électorales, et du projet de loi organique des collectivités locales, des Conseils préfectoraux et autres provinciaux.

Autre quotidien, autre son de cloche. "Hassad annonce, à Ifrane, l’imminence du ficelage de la version définitive des projets de lois électorales", titre Akhbar Al Yaoum", dans son édition de ce mardi 16 septembre. Evoquant des "concertations" entre le ministère de l’Intérieur et les partis, le quotidien indique que des amendements auront été proposés par les différentes formations politiques, se rapportant notamment au projet de loi organique sur les régions, en perspective d’une réduction des attributions octroyées aux walis et préfets dans la désignation à des postes à responsabilités au sein des communes, dont celui des directeurs généraux. A cet effet, Akhbar Al Yaoum annonce que l’accès à ces postes se fera désormais sur la base d’appels à candidatures, qui seront lancés par les présidents des collectivités locales. S’agissant du découpage électoral, le quotidien souligne qu’une proposition de loi avait déjà été élaborée et sera "bientôt" soumise au Parlement.

Statu quo ou casus belli ?

Même tonalité relevée dans le quotidien Assabah, au sujet du respect de la date de tenue des prochaines communales. Selon cette publication, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, aurait indiqué, lors de la réunion d’Ifrane, qu’"un délai de trois mois était suffisant à l’élaboration de l’arsenal législatif des élections". Soit. Mais voilà, ne serait-il pas simpliste de réduire cette opération électorale à son seul et unique aspect technique. Qu’en est-il, aussi, du volet "politique politicienne" ?

Ira-t-on vers un "consensus national" qui évitera les affrontements entre les partis? Difficile d’y croire, le fossé étant grand ouvert entre opposition et majorité. Rien ne va plus entre les deux antagonistes, depuis l’arrivée au pouvoir de Benkirane jugé "trop clivant" par une opposition guettant la moindre occasion pour discréditer sa politique gouvernementale, à plus forte raison quand il s’agit d’une échéance électorale. Un véritable casus belli, qui promet d’envenimer davantage le climat politique. Le flamboyant Hamid Chabat, SG du Parti de l’Istiqlal, a déjà annoncé la couleur en lançant dernièrement une sévère mise en garde contre «toute fraude électorale» au profit de son ennemi juré, le PJD. Idem pour son collègue de l’USFP, Driss Lachgar qui s’est déjà illustré par ses fracassantes menaces de "boycott" des élections. Le PAM ne sort pas du lot, pas plus d’ailleurs que l’Union constitutionnelle. En gros, des élections sous haute tension s’annoncent. 

Par Ziad Alami
Le 16/09/2014 à 06h43