La dernière colère du Souverain, lors de sa visite à Fès, vient de faire tomber Abdelilah Laslami, directeur de l’Agence urbaine et de sauvegarde de Fès. Des commissions d’enquête continuent leurs recherches pour déterminer les responsabilités du retard accusé dans plusieurs chantiers de la ville. Et il y a fort à parier qu’Abdelilah Laslami ne sera pas le seul à porter le chapeau.
Sur un large bandeau, en Une, le quotidien Assabah révèle , dans son édition du 11 novembre, le limogeage du directeur de l’Agence urbaine et de sauvegarde de Fès. Assabah, s’appuyant sur des sources concordantes, rappelle que le Roi, lors d’une visite de suivi de chantiers lancés par ses soins en mars 2013, a constaté un net retard sur le calendrier prévisionnel qui lui avait été présenté. Le 5 novembre dernier, le Souverain s’était lui-même enquis de la date des travaux d’un chantier auprès d’un responsable qui avait soutenu que ceux-ci avaient démarré quatre mois auparavant. Après avoir posé la même question aux ouvriers, le Souverain a appris que les travaux n’avaient démarré que depuis deux mois.
Un mensonge éhonté
Ce chantier n’est pas le seul à accuser du retard, indique Assabah. L’année dernière, le Roi avait supervisé personnellement la signature de plusieurs conventions et le lancement de 27 chantiers pour réhabiliter le patrimoine historique de la capitale spirituelle. Quelle ne fut sa surprise de voir les travaux trainer à ce point, ce qui a suscité sa colère. Depuis mercredi dernier, des commissions du département de l’Intérieur essaient d’identifier les causes du retard et de déterminer les responsabilités au niveau de la Wilaya ainsi que des autres départements signataires de la convention, souligne Assabah. Et pour cause, au lieu du taux d’achèvement de 40% prévu dans le planning présenté au Roi, les travaux n’en sont qu’à 5% de leur réalisation!
Commissions d’enquête
Pire encore, malgré le fait que près de 19 mois se soient écoulés, 10 sites n’ont pas encore connu le démarrage des travaux. Ces projets visent pourtant à rendre la destination Fès plus attractive, à réhabiliter le patrimoine de l’ancienne médina et à dynamiser l’économie de la ville. Al Massae ajoute que les décideurs locaux vivent des moments difficiles en raison du mécontentement du Souverain. Le quotidien révèle ainsi que Mohamed Hassad, ministre de l’Intérieur, a été obligé de tenir des réunions marathoniennes au siège de la Wilaya pour résoudre les différents dysfonctionnements constatés dans les 27 projets. Al Massae rapporte également que la lenteur des travaux et le retard constaté ont fait réagir plusieurs ONG qui avaient menacé, en mai 2014, de mener une marche de protestation pour dénoncer cet état de fait. Les ONG n’ont pas été les seules à rouspéter. Les commerçants de la médina ont également fustigé les responsables quant au retard pris dans l’aménagement de la Place Rassif et le réaménagement d’Oued El Jawahir, un retard qui a eu des retombées négatives sur leur activité, en net recul en raison de ces dysfonctionnements. Ces deux chantiers avaient pourtant été lancés en 2009, mais ils se sont transformés en «chantiers ouverts qui ne finissent jamais».
Il est évident qu’Abdelilah Lamsali n’est pas le seul responsable de ces retards. La wilaya, en tant que maître d’œuvre, a aussi sa part de responsabilité. Ce n’est pas la première fois que le manque de diligence de certains responsables irrite le Souverain. Espérons que ce sera la dernière. Un peu plus d’efficience ne serait pas de refus si nous voulons développer notre pays.