Le 24 avril dernier, lors d’une intervention devant la Chambre des conseillers, le ministre de l’Economie et des finances avait fustigé ceux qui appellent à un boycott de trois produits nationaux, derrière lesquels certaines entreprises bien déterminées sont visées. En réponse à cette campagne, qui en était encore à son tout début, Mohamed Boussaid avait affirmé, en substance: «Nous devons encourager l’entreprise marocaine, qui est une entité structurée, à la fois source d’emploi et payant les impôts, soutenir les produits marocains et non pas être comme ces étourdis (sic !) qui appellent au boycott des produits marocains…».
Dans son édition du mercredi 9 mai, Akhbar Al Yaoum revient sur ce qualificatif de trop ("mdaouikhs", "étourdis"), sorti de la bouche de l’argentier du royaume devant une institution législative. Le quotidien estime, en effet, que ce qualificatif malheureux a causé la nouvelle campagne de «mise à prix» de la tête du ministre RNIste.
Le journal rapporte ainsi qu’une pétition des boycotteurs, publiée sur le site cybermilitantiste «Avaaz», continue d’engranger de nouvelles signatures appelant au «renvoi immédiat» de Mohamed Boussaid du gouvernement. Non seulement à cause de ses propos peu amènes à l’égard des meneurs de la campagne de boycott de certains produits locaux, mais aussi pour ce qu’ils appellent «ses dossiers noirs et sa défense inlassable des lobbys économiques qui monopolisent le marché marocain.»
De même, et au nom du groupe parlementaire du Parti authenticité et modernité (PAM), le député Abdellatif Ouahbi a vivement pris à parti Mohamed Boussaid lors de la séance hebdomadaire des questions orales, tenue lundi dernier à la Chambre des représentants. Interpelant Lahcen Daoudi, ministre délégué chargé de la Gouvernance et des affaires générales, présent au Parlement, Ouahbi a affirmé, rapporte Akhbar Al Yaoum, que quand «certains ministres insultent le peuple et le traitent de troupeau d’étourdis», le gouvernement doit réagir et prendre ses responsabilités.
En réponse, Lahcen Daoudi s’est démarqué de son collègue en affirmant que les propos de Boussaid n’engagaient que lui, avant d’ajouter que le gouvernement n’avait pas pris position dans cette affaire ou son porte-parole l’aurait rendue publique. Même s’il ne peut rien décider dans cette affaire, de par son strapontin de simple ministre délégué, Daoudi a néanmoins, et peut-être involontairement, sérieusement tordu le cou au principe de la solidarité gouvernementale qui voulait qu'il défende son collègue ou se taise.