Cette actualité, non encore confirmée par les officiels marocains, a été discutée principalement sous l’angle de l’intérêt qu’aurait le Maroc à le faire, mais aussi de la possibilité quant aux critères d’adhésion qui demeurent pas du tout définis.
Mais deux autres questions primordiales se doivent d’être posées:
- Pourquoi l’Etat marocain n’a-t-il pas encore réagi, ni en confirmant ni en infirmant?
- S’agit-il d’un fake, voire même d’un piège algérien?
Le silence des autorités marocaines pourrait s’expliquer au moins de deux manières différentes.
La première est que le Maroc a peut-être effectivement exprimé implicitement son intérêt pour une adhésion aux BRICS, en recourant à des canaux diplomatiques alternatifs. Quant à sa non-réaction, c’est ce qu’on appelle dans le droit la règle du «silence vaut acceptation». La logique derrière serait de ne pas trop s’engager ouvertement sur cette voie, en s’offrant le temps de prendre la température et de jauger la réaction des pays membres des BRICS. Une prudence justifiée, qui contraste avec l’amateurisme diplomatique d’Alger, qui, en criant sur tous les toits qu’elle allait intégrer les BRICS, a fini par être recalée par ces derniers.
La deuxième consiste à émettre l’hypothèse selon laquelle il s’agirait peut-être d’un piège tendu par les Algériens, en connivence avec leurs alliés sud-africains qui, sur le plan diplomatique, nous sont par bien des égards hostiles.
En quoi consisterait ce piège? Eh bien, à infliger au Maroc un faux refus de la part des BRICS, face à une fausse demande d’adhésion du Maroc. Autrement dit, à infliger au Maroc une humiliation diplomatique, celle-là même qu’Alger a vécue face aux BRICS.
Une guerre de communication qui semble clairement faire l’économie du réel. Un peu à l’image du ministre algérien des Affaires étrangères, pour qui les Etats-Unis ne reconnaissent pas la marocanité du Sahara. Seul compte pour Alger ce que dira la presse occidentale. Quant à la presse algérienne, ça fait longtemps qu’elle évolue dans un univers parallèle. Et le réel dans tout ça? Il est, comme souvent avec le Palais d’El Mouradia, sacrifié sur l’autel de l’image et de la perception. Jusqu’à quand? Jusqu’à l’éternel retour du concret, pour paraphraser le titre d’un livre d’Arnaud Spire.
Mais dans ce cas, pourquoi le Maroc n’a-t-il pas infirmé cette possible fake news? Pour une raison simple: ne pas s’interdire un jour de formuler une vraie demande d’adhésion au BRICS. Car affirmer officiellement le fait de ne pas vouloir y adhérer, c’est en quelque sorte s’interdire un jour de le faire. Ne pas la confirmer, c’est aussi peut-être une manière d’attendre d’avoir une meilleure visibilité pour se positionner clairement.
Ce raisonnement n’est, bien entendu, qu’une simple hypothèse, dont la véracité sera probablement confirmée ou infirmée dans les semaines et mois à venir.