Quand le Polisario est empêtré dans ses profondes divisions internes et se trouve diplomatiquement au plus profond du creux de la vague, sa seule planche de salut consiste à remuer le spectre de la guerre contre le Maroc. Cette pathologie chronique de la perte de vitesse vertigineuse vient de faire sortir Brahim Ghali de son mutisme. Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia de ce lundi 29 juillet, le chef du Polisario a appelé à la «mobilisation» (au sens militaire du terme) de tous les habitants des camps de Tindouf, en prévision de la reprise de la «lutte armée » contre le Maroc.
Cette sortie médiatique de Brahim Ghali lui a rapidement attiré les foudres des réseaux sociaux, surtout au niveau des camps de Lahmada. Pour certains internautes, ni le contexte actuel, ni le moment choisi ne sont propices à faire «monter inutilement les enchères» et «battre les tambours de la guerre, dont le bien-fondé reste à démontrer».
Pour d’autres, c’est probablement la situation délétère en matière de violations des droits de l’homme sous la férule des sbires de Brahim Ghali contre les militants sahraouis, ajoutée à l’approche du congrès du Polisario où il compte se faire réélire qui peuvent expliquer cet accès de provocation et de folie dont vient de faire montre, bêtement, le chef du Polisario.
Piqué au vif, Brahim Ghali a répondu que toutes ces réactions virulentes viennent de l’extérieur et non de l’intérieur des camps de Tindouf. Reprenant le dessus, certains internautes des camps lui ont malicieusement répondu que ces critiques pourraient provenir de ses ministres. En effet, ces derniers sont toujours à l’extérieur des camps où ils ont rarement déposé les pieds. D’ailleurs, ils sont actuellement tous en vacances dorées avec leurs familles sur les plages d’Europe et d’Amérique latine, profitant ainsi de l’argent massivement détourné sur l’aide internationale destinée aux populations des camps, alors que ces derniers vivent la misère sous des températures frôlant quotidiennement les 50°.
Même Brahim Ghali pourrait avoir enregistré sa vidéo belliqueuse alors qu’il se trouverait loin de Tindouf. Sinon, pourquoi ne pas avoir tenu un meeting ou une rencontre de proximité dans les camps pour parler d’un sujet aussi «important» que le déclenchement de la guerre?
Al Massae de ce lundi explique, pour sa part, que la sortie de Brahim Ghali, même si elle n’est pas la première du genre, ne serait pas étrangère à une récente victoire diplomatique marocaine. Celle de la nomination de Boughaleb El Attar comme ambassadeur du royaume à Cuba. La Havane, que le Polisario considère comme sa citadelle et un fidèle allié, est en train de fumer le cigare avec le Maroc en mettant les dernières retouches (locations de locaux à Rabat) à l’installation de son nouvel ambassadeur, absent depuis quelque 37 ans, à Rabat.
Assabah, enfin, estime que la contestation populaire qui secoue l’Algérie est également en passe de faire bouger les camps des Sahraouis de Tindouf. Voyant le coup venir inéluctablement, et malgré de nombreuses arrestations dans les rangs de ses opposants, Brahim Ghali n’a trouvé d’autre parade que de violer (verbalement pour le moment) le cessez-le-feu instauré depuis 1991 par le Conseil de sécurité de l’ONU.