Métro d’Alger mis hors service jusqu’à 14 heures, bus immobilisés avant d'atteindre leur destination, véhicules stationnés évacués par la police...Et au bout de la chaîne, des passants interpellés et soumis à des fouilles minutieuses. Ce lundi 9 avril, le temps semble s’être arrêté à Alger. Un dispositif de sécurité herculéen a été déployé dans le centre et autour d’Alger. «De la résidence d’Etat de Zéralda à la Casbah en passant par Hydra, El Mouradia, El Biar, Sidi M’hamed et Alger-Centre, tous les axes routiers sont sous haute surveillance», rapportent nos confrères algériens.
Quel événement a donc nécessité un dispositif policier aussi lourd et aussi important? Tenez: la sortie du président Bouteflika pour inaugurer une mosquée et une extension du métro d’Alger! Fallait-il pour autant quadriller toute la capitale, immobiliser tout ce qui bouge et mettre en berne toute activité?
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Le dispositif «exceptionnel» ne peut s’expliquer que par une menace sur la sécurité personnelle du président Bouteflika, qui ne s’est pas adressé à son peuple depuis 2012! Malgré son Accident vasculaire cérébral (AVC), diagnostiqué en 2013 à l’hôpital militaire parisien Val-de-Grâce, et qui lui a fait perdre toute possibilité de mobilité et d’élocution, le «président-fantôme» briguerait aujourd'hui un 5e mandant! Et ce n’est surtout pas le FLN, au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, qui dira le contraire. Le SG du parti, Djamel Ould Abbes, a affirmé samedi 7 avril que Bouteflika est le candidat «des 700.000 militants du FLN» pour les présidentielles 2019.
La perspective d’un 5e mandat pour Bouteflika passe mal auprès de nombre de militaires. L’on se souvient que l’ancien homme fort du régime, le général Toufik, qui dirigeait les services algériens (DRS) s’était opposé à la candidature de Bouteflika à un quatrième mandat. Toufik a été mis à la retraite et le DRS dissous. Mais ce n’est pas pour autant que d’autres galonnés en service consentent à un cinquième mandat d’un président, invalide, qui peine à articuler et dont les apparitions relèvent de l’exploit. C’est sans doute dans le contexte de l’officialisation par le FLN de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika et des dents que cet affront fait grincer chez les militaires qu’il faut interpréter le dispositif sécuritaire inhabituel qui a accompagné la sortie du chef de l’Etat algérien. Cela promet bien des tensions dans les jours et mois à venir. Bouteflika, qui a bien connu le défunt président Boudiaf, sait que les militaires de son pays abattent les présidents.