Après des semaines de contacts permanents et discrets, le Maroc rencontre enfin l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU. La rencontre entre la délégation marocaine conduite par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et Horst Köhler, aura finalement lieu mardi 6 mars, à Lisbonne, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 5 mars.
Le Maroc avait, en effet, émis des réserves sur le processus initialement prévu par le responsable onusien, qui prévoyait une rencontre à Berlin avec le Maroc et, en même temps, avec des délégations du Polisario, de l’Algérie et de la Mauritanie, précise le journal.Ce faisant, le Maroc a donc refusé de jouer le jeu du Polisario et de son mentor, l’Algérie, qui tentaient de faire passer cette rencontre de Berlin pour des «négociations directes» entre le Maroc et le front séparatiste, explique le journal qui cite des sources très au fait du dossier. Or, note le quotidien en citant ces mêmes sources, «il serait illogique et tout simplement impossible de parler de négociations directes dans un dossier aussi complexe que celui du Sahara marocain».Le journal, qui reprend un communiqué diffusé, vendredi, par le ministère des Affaires étrangères, insiste sur le fait qu’il s’agit d’une «rencontre bilatérale», à l’invitation de l'envoyé personnel. Elle s'inscrit dans le cadre de la coopération constante du Maroc avec l'ONU pour parvenir à une solution politique définitive au différend régional autour du Sahara marocain.
Le Maroc rencontrera Horst Köhler pour écouter, notamment, ses propositions pour mettre fin à ce conflit, écrit, pour sa part, le quotidien Assabah dans son numéro du 5 mars. Il s'agit aussi de mettre fin à cette légende nourrie par l’Algérie et ses protégés, légende selon laquelle le Polisario serait le seul représentant des Sahraouis.
En outre, ajoute Assabah, la délégation marocaine participant à cette rencontre est guidée par les principes fondamentaux de la position nationale, tels que soulignés dans le discours de la Marche verte, le 6 novembre 2017. Ainsi, affirme le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, le responsable onusien connaît déjà la position marocaine. Cette rencontre, explique le journal dans sa livraison du même jour, sera surtout l’occasion, pour le Maroc, de prendre connaissance de l'avis de Horst Köhler.
Jusqu’à vendredi, personne ne savait encore si l’envoyé personnel du SG de l’ONU se présenterait, au milieu de ce mois de mars, devant le Conseil de sécurité sans avoir rencontré les responsables Marocains, affirme le journal. Les Algériens ont déjà traduit cette situation comme celle d'«une crise» entre le Maroc et le responsable onusien, entamant leur travail de sape. La stratégie de l'Algérie est claire: présenter le Maroc, devant la communauté internationale, comme le pays qui entrave le processus de résolution de ce conflit.
A Tindouf, le jeu est également clair. A défaut d’une rencontre à Berlin entre l’envoyée personnel d’Antonio Guterres et le Maroc, les séparatistes tentent de faire passer le refus du Maroc de jouer ce jeu par une rigidité de sa diplomatie. Al Ahdath Al Maghribia rappelle, par ailleurs, que la diplomatie marocaine a vu clair dans ce jeu dès le début. Le Maroc a ainsi décliné une première invitation de Horst Köhler en marge de la 54e Conférence de la sécurité, tenue à Munich du 16 au 18 févier et lors de laquelle ont été évoquées, entre autres, les crises que traversent la Syrie, le Yémen et la Libye. Alors que le Maroc s’attendait à des discussions bilatérales avec le responsable onusien, la presse algérienne a révélé que l’Algérie et le Polisario étaient également invités. C’est ce qui a poussé Horst Köhler à opter pour la rencontre de Berlin.
Mais, dans les deux cas, si le Maroc avait répondu à ces invitations, cela aurait servi l’agenda des séparatistes qui se seraient empressés de parler de négociations, conclut le quotidien. Le Maroc ne souhaite pas non plus reproduire, avec une éventuelle «germanisation» des rencontres avec l’envoyé onusien, son expérience avec Christopher Ross qui, avec le processus de Manhasset, les avaient, lui, «américanisées». D’où le choix de Lisbonne pour abriter cette rencontre bilatérale.