Une nouvelle querelle politique a éclaté, mardi, au Parlement, lorsque Hakim Benchamass, président du groupe du PAM à la Chambre des conseillers, a réclamé l'ouverture d'une enquête sur l'existence d'une supposée liste de ministres qui auraient accédé à cette fonction en contrepartie de sommes d'argent. Le journal arabophone Al Khabar écrit dans son numéro de ce jeudi 6 février que Benchamass, épaulé par le ministre des Affaires générales, Mohamed El Ouafa, et par M'Hand Laenser, ministre de l'Urbanisme et de l'aménagement du territoire, a demandé à Abdelilah Benkirane d'ouvrir une enquête pour s'assurer de l'existence, au sein de son gouvernement, de ministres qui auraient offert des sommes d'argent pour accéder à ce statut.
L'origine de cette querelle remonte à un éditorial du quotidien Akhbar Al Yaoum que Benchamass a cité sans préciser son auteur. Les grandes lignes de cet éditorial ont été reprises et commentées, ce jeudi, par Al Khabar, dirigé par Rachid Nini. Que dit l'éditorialiste de Akhbar Al Yaoum, dont des passages ont été repris par son confrère Al Khabar sous le titre "des ministres (en poste) qui n'ont même pas le niveau d'un chauffeur de (feu) Hassan II" ? "Je connais des ministres qui ont fourni des grandes sommes d'argent pour être nommés. Je connais des ministres qui ont embrassé des mains et des pieds pour fouler le sol d'un ministère. Je connais des ministres qui ont menacé de se suicider s'ils n'accèdaient pas au palais pour en sortir avec un dahir de nomination. Il n'existe pas de critères ni d'usage chez tous les partis politiques pour choisir un ministre, sauf le PJD qui a mis en place une procédure d'élection de noms de candidats aux postes ministériels".
Le silence de Benkirane
Arborant une copie de cet éditorial au Parlement, Benchamass a réclamé l'ouverture d'une enquête sur "la véracité des éléments communiqués à l'opinion publique nationale et internationale (...)", selon Al Khabar. Toujours selon ce quotidien, l'élu du PAM s'est déclaré surpris par le silence de Benkirane face à "ces graves accusations". Le journal a qualifié cette attitude de "faible courage politique et éthique". Taoufiq Bouachrine, directeur et éditorialiste de Akhbar Al Yaoum, a tapé pour sa part, ce jeudi, sur la table en confirmant ces propos et en affirmant que Benchamass aurait dû voir beaucoup plus du côté des parlementaires en ouvrant une enquête pour savoir comment certains sont devenus des élus. Les indications fournies, selon Bouachrine, sont vraies et connues depuis longtemps des politiques, des journalistes et des observateurs. Cette affaire risque de prendre de nouvelles proportions dans les semaines à venir. Benkirane sera-t-il interpellé au Parlement à propos de ce sujet ? L'Exécutif va-t-il prendre les devants et apporter des réponses aux questions de l'opposition ? A suivre...