Abdelilah Benkirane, qui vient d’être reconduit à la tête du PJD pour un nouveau mandat, a commis une erreur politique qui pourrait lui coûter son poste, à l’image de ce qui est arrivé à Hamid Chabat, ancien secrétaire général de l’Istiqlal, à la suite de ses propos sur la Mauritanie. À moins qu’il ne présente des excuses publiques pour ses attaques contre les présidents américain et français.
D’après le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du lundi 5 mai, certains anciens ministres et des leaders de la majorité ont critiqué les déclarations de nature populiste de l’ancien chef du gouvernement, prononcées lors de la fête du 1er Mai, et dont l’objectif était de flatter les émotions de son public.
Cherchant à se positionner comme le seul défenseur de la cause palestinienne, poursuit le quotidien, «Benkirane n’a pas hésité à attaquer Donald Trump, président des États-Unis, et Emmanuel Macron, président de la France, deux soutiens de la marocanité du Sahara».
Les adversaires de l’intégrité territoriale, en Algérie, «ont exploité les propos de Benkirane pour attaquer et ridiculiser le Maroc», observe Assabah. Le zaïm du PJD semble avoir oublié qu’en tant qu’ancien chef de gouvernement, «il avait été chargé de corriger l’erreur de Chabat, qui avait attaqué la Mauritanie», rappelle le quotidien.
Assabah rapporte ainsi que Nezha El Ouafi, ancienne ministre déléguée du PJD, a critiqué les déclarations de son secrétaire général, affirmant que «la défense de la cause palestinienne est certes une priorité pour les Marocains, mais que cela ne justifie pas de se moquer d’un chef d’État comme celui de la France, partenaire stratégique du Maroc».
El Ouafi, qui a occupé les postes de ministre déléguée chargée des MRE et de secrétaire d’État au Développement durable sous le gouvernement PJD, a déclaré «indigne d’un ancien chef de gouvernement et secrétaire général d’un parti ayant dirigé le gouvernement du Maroc pendant deux mandats de se moquer du président d’un autre pays, comme la France, qui soutient constamment la marocanité du Sahara dans une bataille acharnée pour la cause nationale, un devoir sacré pour tous».
Dans un post sur Facebook, l’ancienne ministre estime que «l’attaque de Benkirane contre Macron intervient à un moment décisif, sensible et complexe sur les plans régional et international», ajoute le quotidien.
L’ancienne ministre, poursuit Assabah, souligne que «cela est contraire aux usages politiques et diplomatiques, quelles que soient les justifications». Elle a ajouté que «la logique politique et diplomatique exige de privilégier l’intérêt national, d’éviter les inimitiés et les conflits, et de s’abstenir d’offenser les personnes, au Maroc comme à l’étranger. Et ce, conformément aux principes du référentiel islamique du parti». Suite à cela, note Assabah, El Ouafi a été la cible d’attaques virulentes de la part de membres du PJD, qui l’ont accusée de «chercher un poste d’ambassadrice».
Par ailleurs, constate le quotidien, des membres d’autres partis ont réagi aux déclarations de Benkirane, reprochant aux membres du PJD de «sanctifier les erreurs de leur zaïm, ce qui risque de détruire leur parti».
Les membres du PJD sont actuellement divisés entre ceux qui soutiennent les déclarations de leur patron, le qualifiant de «leader victime d’injustices», se référant notamment à son éviction du poste de chef de gouvernement désigné en 2016, et ceux qui critiquent son style de discours désordonné.
De son côté, poursuit Assabah, Aziz Akhannouch, président du RNI, a réagi indirectement aux propos du patron du PJD, sans le nommer, en déclarant que «la politique est une action, et pas seulement des paroles, des insultes ou des invectives». Le président du RNI intervenait samedi lors d’un meeting du parti à Dakhla. Ses propos ont été appuyés par Mohammed Aujjar, ancien ministre et cadre du même parti, ainsi que par d’autres figures de proue de sa formation.







