Benkirane complote contre le gouvernement

Abdelilah Benkirane.

Abdelilah Benkirane. . DR

Revue de presseKiosque360. L’ancien secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, a envoyé des messages à qui de droit, rappelant à l’ordre les siens, interpellant son successeur et critiquant virulemment ses adversaires. Balise-t-il la voie à un retour en force?

Le 09/11/2018 à 21h15

Benkirane serait-il de retour en politique? C’est en tout cas la question qui a été soulevée par les médias qui ont rapporté sa dernière sortie publique, juste après l’intervention de son successeur, Saâd-Eddine El Othmani, devant les étudiants de l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC) de Rabat. Histoire de la vider de son sens ou du moins de minimiser sa portée politique, fait remarquer le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 10 et 11 novembre.

En effet, l’ancien patron de la Lampe s’est virulemment attaqué à la coalition gouvernementale, violant ainsi la charte d’éthique que sa propre formation politique avait signée.

Dressant un tableau noir de l’état du pays, il a qualifié la situation actuelle de proche de celle qui prévaut dans certains pays qui plongent dans le chaos, en raison de la corruption et des corrupteurs. Poussant le bouchon plus loin, l’ancien chef du gouvernement a mêlé le nom du roi à son traitement politique pour noircir le bilan de son successeur et perturber la coalition gouvernementale.

Pour le quotidien, l’approche de Benkirane était une réponse directe à l’optimisme affiché par El Othmani lors de la présentation du projet de loi de finances 2019, qui prévoit une enveloppe budgétaire conséquente pour le social et une augmentation du nombre d’emplois à créer. D'autant que l’actuel chef du gouvernement a mis en exergue le nombre d'emplois créés par son gouvernement, 98.000 emplois en 18 mois, alors que son prédécesseur n’avait atteint que 116.000 en cinq ans.

En fait, soulignent les sources du quotidien, Benkirane a soigneusement choisi le moment de sa sortie, balisant la voie, semble-t-il, à un retour en politique, puisqu’il table déjà sur un échec de son successeur à la tête du parti lors du prochain rendez-vous électoral.

C’est dans ce sens qu’il a recouru à l’épouvantail du complot avec des parties extérieures pour déstabiliser l’Etat, fait remarquer pour sa part le quotidien Al Massae dans son édition du même week-end. «Certains, qualifiés de rebelles dans le sens péjoratif du terme, qui complotent avec le soutien de certaines parties étrangères pour déstabiliser l’Etat, ne sont pas des opposants dans le sens noble du terme», a-t-il martelé, prévoyant leur mise à nu et affirmant qu’il ne se tairait plus.

Par la suite, poursuit le quotidien, l’ancien secrétaire général du PJD s’est directement adressé au président du Rassemblement national des indépendants, lui conseillant de s’occuper de son agriculture et de ses affaires plutôt que de politique.

Sur le même ton, l’ancien patron de la Lampe a pointé son arme sur les siens, qualifiant de «baltaguia» le comportement de certains, qui s’apparente à une culture étrangère au parti. Ce qui le conduira, a-t-il prévenu, à connaitre le sort d’un parti qui comptait pourtant des chefs de renommée internationale, allusion, semble-t-il, faite à l’Union socialiste des forces populaires (USFP).

L’ancien chef du gouvernement a ensuite interpellé son successeur, lui envoyant des messages codés, mais surtout lui rappelant que plusieurs acquis ont été réalisés durant son mandat, citant l’aide directe versée aux familles défavorisées.

Après une longue période de silence, Benkirane a choisi de tirer en rafales dans toutes les directions.

Par Mohamed Younsi
Le 09/11/2018 à 21h15